Entrez votre recherche ci-dessous :

A voir au ciné ce mois-ci

Chaque mois, notre chroniqueuse ciné, toujours fidèle au poste vous livre ses recommandations ! Ce mois-ci Un peuple et son roi, I feel good et Jour de paye ont retenu son attention.

UN PEUPLE ET SON ROI. Pierre Schoeller. Fiction. France. 2018. 2H01. sortie 26 septembre.

Paris avril 1789 : un peuple affamé souffre, réclame à corps et à cris justice et égalité, se met debout. Il entre en  révolution.  C’est cet angle de vue que le réalisateur nous propose dès les premières images.  Les destins  d’un courageux maître-verrier et sa femme, de deux jeunes et belles lavandières, d’une vendeuse de hareng gouailleuse, d’un vagabond un peu illuminé vont bientôt croiser ceux de figures historiques. Parmi eux,  un Robespierre qui proteste : « les gens du peuple, on les désigne avec mépris », un Saint-Just investi d’une mission, un extraordinaire Marat provocateur, en col panthère, d’autres encore. Leur lieu de rencontre est la toute jeune Assemblée nationale. Les femmes sont montrées fortes en gueule, dures au travail, déterminées : « Nous voulons du pain et des droits ! »  (Faux espoir mesdames et partie remise à longtemps).

Le récit chronologique assez didactique alterne donc ces séances houleuses à l’Assemblée nationale (entre autres, débat passionné sur la peine de mort –au sujet de Louis XIV) avec des scènes de foule et de combats de rue et la marche des femmes à Versailles. Il y a de jolis moments intimes de la vie quotidienne des hommes et femmes du peuple dans un Paris de l’époque, minutieusement reconstitué. (Fallait-il pour autant cette longue séquence d’accouchement de Françoise pour nous mettre les points sur les i ?) .

Il y a aussi les cafés où des rencontres improbables s’ébauchent entre les  lavandières bravaches et raisonneuses, étonnamment émancipées et quelques Cordeliers de bonne volonté.

A ce dernier tableau, hélas ! il manque justement le co-fondateur du club des droits de l’homme et du citoyen dit « club des Cordeliers », le noble Dufourny de Villiers, souvent oublié. Auteur des Cahiers du Quatrième ordre, celui des pauvres Journaliers, des Infirmes et des Indigents, ce défenseur de leur cause voulut transformer le regard sur les exclus et leur donner la parole (1).

Le Roi Louis XVI est montré totalement dépassé par les événements et assez humain. Nous le voyons signer l’abolition des privilèges et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.  Le « petit peuple » est intelligent et agissant. L’Assemblée nationale devient pour lui rien moins qu’une université populaire !

Une démocratie s’invente, dans un tumulte souvent trop lyrique où  la musique très présente semble quelquefois inappropriée. L’héroïsme exagéré des personnages et leurs  bons sentiments  desservent parfois le propos. Cela est compensé par de beaux clairs obscurs, des visages en gros plans et des séquences de silence (un cheval noir libre sur une place dévastée, un contre-jour sur une lavandière amoureuse toute dorée).

Un film populaire, haut en couleurs à voir en famille pour (re)découvrir ensemble les origines de notre République. Et une belle illustration dans la veine du thème choisi cette année par ATD Quart Monde pour la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre : la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Pour en savoir plus : Michèle Grenot, Le Souci des plus pauvres. Dufourny, la Révolution française et la démocratie. Presses Universitaires de Rennes, 2014, 426 p.

I FEEL GOOD. Benoît Delepine et Gustave Kervern. Fiction. France. 2018. 103 mn. Sortie 26 septembre.

Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, son frère Jacques débarque dans un univers aux antipodes du sien. Il n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche.  La dernière en date est de rendre les « petites gens » beaux. Cela mènera quelques Compagnons crédules dans un pays de l’Est pour se faire « relooker » par la chirurgie esthétique. A travers les dialogues du frère et de la sœur, deux visions du monde s’affrontent. Malgré des longueurs et des répétitions, cela donne lieu à bien des gags et de bons mots dans des décors extraordinaires et acidulés pas miséreux du tout.  Il y a du rythme et les acteurs principaux se démènent comme de beaux diables (Jean Dujardin en fait presque un peu trop). Les réalisateurs nous mènent en bateau et rira bien qui rira le dernier. Car les Compagnons sont bien plus futés qu’il n’y paraît de prime abord. Ces rebondissements nous mènent à une surprise finale en apothéose à la gloire de l’abbé Pierre. Mais il ne faut pas bouder son plaisir.

JOUR DE PAYE. Vers un revenu universel. Christian Tod. Documentaire. Autriche/Allemagne. 2018. 1H34. Sortie  19 septembre.

(déjà diffusé en avril 2018 sur Arte)

Un tour du monde des réflexions et des expériences du revenu universel, un droit fondamental pour tous. Pour ou contre- avec peu de paroles contre. Utopie sociale ou poison qui mène à la paresse ? Brillants économistes et politiques de tous bords, chefs d’entreprise et citoyens débattent (jamais ensemble). La terre, l’eau et l’air, dons de la Nature se distinguent des biens privés produits par le travail humain. Certains des entretiens sont parfois complexes à saisir pour le commun des mortels.

Bella Lehmann-Berdugo