Publié le 30 mai 2017

A Villiers-le-Bel, des élèves jouent une pièce sur l’exclusion

Elle évoque deux figures de la lutte contre la misère, Joseph Wresinski et Dufourny de Villiers pendant la Révolution.

– » Je suis si fatiguée « , dit une ouvrière d’une voix faible.
– » Prends une pause, le chef n’est pas là « , lui conseillent d’autres enfants ouvriers comme elle.
– » C’est tellement injuste cette vie, j’aurais préféré aller à l’école… « .
La petite ouvrière s’évanouit et tombe au sol. Le chef arrive aussitôt.
– » Remettez-vous au travail ! « , lance-t-il sans pitié.
Ce vendredi 5 mai, les élèves de la classe de CM1-CM2 de Sophie, à l’école Gérard Philipe de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), répétent la scène sur » les enfants ouvriers à la fin du 19è siècle « . Les 23 et 24 mai, ils se produisent dans la salle Marcel Pagnol de la ville avec les classes de trois autres écoles. Le temps presse pour bien connaître les scènes, les placements, les tirades dites en choeur …
Au total, près de cent élèves travaillent depuis le début de l’année scolaire avec l’acteur et metteur en scène Philippe Osmalin sur une pièce sur l’exclusion et l’injustice, autour des figures de Joseph Wresinski, le fondateur d’ATD Quart Monde, et de Louis Pierre Dufourny de Villiers, le défenseur des oubliés du Quart Monde pendant la Révolution française.

Doléances

Philippe Osmalin félicite les élèves qui maîtrisent bien maintenant la scène – » tu articules mieux, bravo « … On passe à la scène de la bibliothèque de rue que les enfants viennent de finir d’écrire avec leur enseignante, puis à celle du cahier de doléances rédigé en 1789. » Le prix du sel est trop élevé ! « , commence un révolutionnaire. » On veut participer à la politique ! « , clament d’autres. » Il faudrait aider les pauvres, créer des hôpitaux ! « …

C’est au tour de l’autre demi groupe de la classe de Sophie de venir répéter dans la grande salle. Nous voilà à l’Assemblée nationale durant la Révolution. Les membres du clergé ont pris place sur un côté. Ceux de la noblesse sur un autre, le tiers état sur un troisième. Ses membres sont en colère : » Les privilégiés paient le moins d’impôts et les pauvres le plus, on veut plus d’égalité ! » Mais le roi, soutenu par le clergé et la noblesse, rejette toutes leurs demandes.

A l’école Jean Moulin qui se trouve non loin, la classe de Magalie attend avec impatience l’arrivée de Philippe Osmalin. En raison du retard, il raccourcit l’échauffement. Et dans le petit CDI, on attaque la scène de la marche des femmes du 15 octobre 1789. » Elles ont marché des heures sous la pluie dans la boue pour arriver à Versailles, elles sont venues dire » On meurt de faim « , explique-t-il. Deux députés, montés sur des chaises, écoutent les revendications.

Il reste juste le temps de répéter une scène sur l’enfance de Wresinski. Les voisins sont venus se plaindre de la fumée qui sort de chez eux. La mère explique qu’ils sont trop pauvres pour déboucher la cheminée. Joseph est furieux de cette nouvelle humiliation. Sa mère l’implore de ne pas se disputer avec les voisins.

Il est midi. Les enfants se font tirer l’oreille pour partir. Ils seraient bien restés un peu plus.

Véronique Soulé