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A Lyon, le dialogue entre les praticiens de santé et les personnes en situation de pauvreté passe par la co-formation

Les participants professionnels et militants quart monde échangent pendant 4 jours
Les participants professionnels et militants quart monde échangent pendant 4 jours

ATD Quart Monde en Rhône-Alpes a l’ambition de développer les coformations dans la région.
Ces formations d’un type particulier sont un programme du mouvement qui permet à des professionnels et des personnes vivant ou ayant vécu la pauvreté de se former réciproquement : les premiers apprennent à mieux connaître le monde de la grande pauvreté et les seconds à mieux comprendre l’accès à leurs droits.

En novembre 2015 une coformation sur le thème de la santé s’est tenue à Lyon pour la première fois avec les Hospices Civil de Lyon (HCL). La formation était animée conjointement par des membres du mouvement et des responsables des hôpitaux.

21 professionnels des HCL étaient inscrits venant des différents métiers de la santé : médecin , infirmiers, travailleurs sociaux… 6 militants d’ATD Quart Monde avaient accepté de participer à cette session.

En début de formation, chaque participant doit rédiger un récit sur une expérience vécue mettant en avant cette relation du professionnel avec une personne en grande précarité. Tous écrivent, militants et travailleurs hospitaliers. Ces récits sont ensuite utilisés dans le cadre de la formation pour faire émerger les problématiques, les rôles et les enjeux relationnels cachés.

Le photolangage est un des outils utilisé pendant la formation
Le photolangage est un des outils utilisé pendant la formation

Comme dans toute coformation les premiers jours sont consacrés à une réflexion en groupe de pairs (militants quart monde ; professionnels de l’institution) et à la confrontation des regards sur la place et le rôle de chacun. Ensuite les groupes se mélangent et les participants tentent ensemble d’élaborer des propositions pour améliorer la relation professionnel/personne en difficulté. Ces propositions ont été retransmises lors d’une demi-journée de restitution devant les responsables des hôpitaux de Lyon et d’ATD Quart Monde.

Ce type de formation qui nécessite un investissement personnel important des participants amène à des rencontres et des dialogues de vérité qui n’existeraient pas sans le cadre exigeant imposé par les techniques du Croisement des savoirs. Pour les militants d’ATD Quart Monde, confrontés dans leur vie quotidienne au rejet et à l’exclusion, prendre la parole devant les professionnels n’est pas une chose facile.

L’un d’entre eux s’exprime ainsi « « C’est comme un kit de démarrage. C’est-à-dire on nous a donné des outils pour pouvoir aller de l’avant avec des professionnels, oser s’exprimer. Je m’exprimais avant mais j’osais moins poser des questions. ». Angelina, militante d’ATD Quart Monde exprime ainsi l’intérêt pour elle de participer à cette session : « La co-formation c’est de l’éducation populaire, cela permet à des personnes qui sont dans la précarité d’oser dire ce qu’elles pensent : sans se dévaloriser, sans raconter leur vie, sans se laisser faire et en gardant leur dignité. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas fait d’études qu’on n’est pas intelligent. Ceux qui ont participé à des co-formations peuvent convaincre d’autres personnes qu’elles sont aussi capables de s’en sortir et nous devons leur insuffler une fierté certaine. »

A la fin de la formation les conditions du partenariat famille/professionnel et les obstacles sont mis à terre...
A la fin de la formation les conditions du partenariat famille/professionnel et les obstacles sont mis à terre…

Pour les professionnels, les débuts de la coformation n’ont pas forcément été faciles, tant le format et les outils pédagogiques sont différents de ce qui se fait habituellement. Il a alors fallu prendre le temps de comprendre ce que proposait ATD Quart Monde. Cependant, une fois cette difficulté dépassée, les professionnels repartent avec une meilleure connaissance des obstacles et des difficultés des personnes. « C’est en se rencontrant et en échangeant qu’on trouve des solutions et qu’on fait changer notre point de vue » disant l’un d’eux en évaluant la formation. Un autre avance que «  C’est une expérience unique de dialogue avec des patients hors consultation, comme partenaires. »

Elisabeth, alliée d’ATD Quart Monde et qui travaille dans un hôpital lyonnais : « Du té des professionnels, cette coformation a créé une grande surprise car ils pensaient venir pour écouter, et noter pour s’enrichir, alors qu’il s’est agi de rencontrer l’autre, être « bousculé » et changer. Même si cela paraît utopique, il serait déjà utile de développer la bienveillance, le respect, l’écoute. A cet égard, il y a eu un déblocage et les professionnels ont été en mesure de mieux comprendre pourquoi les personnes en situation de précarité ont peur et manquent de confiance. »

Comme souvent à l’issue d’une coformation, les participants ont exprimé leur souhait qu’elle soit renouvelée et développée auprès d’un nombre plus important de professionnels.

C’est un vœu adressé à l’institution que relaye ATD Quart Monde.