
A Lyon, l’atelier chant est accueilli au musée des Beaux-Arts
DES TABLEAUX, DES CHANTS ET DES FAMILLES
Depuis de longues années, co-existent sur Lyon un atelier chant à la maison Quart Monde et un partenariat avec le musée des Beaux-Arts. Cette année, l’idée à germer de faire se rencontrer ces deux belles actions et de chanter au musée. Dans l’année, les choristes ont choisi des chants par rapport aux tableaux qu’ils ont aimé au musée et ont ensuite invité le public à venir les écouter. C’était le samedi 30 mai ; récit de cet évènement par Jacques Strobel, allié du groupe de Lyon.
« Ce jour-là nous étions plus de quarante, membres et amis d’ATD Quart-Monde, à parcourir le musée des beaux-arts avec notre curiosité, nos amitiés et nos chansons.
Devant « Le lion et le serpent, statue du sculpteur Barye, nous avons chanté « Le lion est mort ce soir ». C’était plus vrai que ce que nous pensions : comme Claire, notre conférencière nous l’a présenté, il s’agissait d’un lion de l’Atlas, qui a disparu de la nature depuis longtemps. Mais l’artiste, lui, a pu le rencontrer en son temps. Ce lion est bien mort, comme dit la chanson.
Devant le tableau du peintre Victor Orsel, « Moïse enfant présenté à Pharaon », Béatrice, Gezabel, Nathalie et René ont pris la pose des personnages pendant que la chorale a chanté « Go down Moses » : Descends, Moïse, sur la terre d’Egypte, et dis au Pharaon de laisser partir mon peuple.
Un chant de libération. Ainsi va l’histoire.
Ensuite, devant la « Marine » de Pieter Mulier, la chanson « 1492 » de Vangelis évoque la découverte de l’Amérique, et nous nous sommes demandés comment pourrait être « un nouveau monde » ?
Avec l’aide de Marion, de Claire et de Yann, en petits groupes, on imagine donc partir vers un monde où l’on se découvre dans le respect mutuel des uns et des autres, dans un esprit d’échange et de compréhension. Où il n’y a pas de domination, où l’on s’engage à apprendre nos langues respectives, où l’on découvre des peuples différents, une histoire, une civilisation, des musiques, des cultures, des coutumes, des nourritures, des tissus, des soieries, des lumières, des voyages,… où l’on mange avec des étrangers, où l’on aide les handicapés, où l’on visite des monuments nouveaux, où vivent des animaux inconnus… Un monde où c’est le paradis !… Un peuple de belles femmes et de beaux gosses… et j’y serais président !
Ainsi la richesse de nos rêves, mais aussi de nos désirs et de nos espérances…
Dans une autre salle, la chorale nous offre le chœur des hébreux emmenés en captivité vers Babylone, de l’opéra Nabucco de Verdi : « Va, pensiero ». Puis Michelle, la chef de choeur, nous en raconte l’histoire, et nos conférencières nous proposent d’imaginer quelques détails d’un tableau qui la représente, en nous inspirant des échos de cette chanson.
Voici donc ce que nous voyons. Dans le désert, avec au loin une oasis, et dans une lumière sombre, sous un ciel noir chargé d’éclairs, des personnages résignés avancent. Ils sont de toutes générations, les femmes sont voilées par de longues robes cachant leurs cheveux, des robes en cotonnades et en soie sauvage. Les hommes semblables aux touaregs avancent tête baissée, fouettés par les soldats qui les encadrent, mais ils conservent un visage rebelle. Comme pour des esclaves enchaînés, la vengeance est visible dans leurs regards. Ils portent tous des baluchons et tous se taisent. Certains sont tombés et agonisent. « Marche ou crève », semblent dire les soldats… Il y a aussi des ânes, des moutons, des chameaux, des chiens, et puis quelques enfants, tous étonnement beaux, qui représentent l’avenir et l’espoir de tout un peuple.
Puis nous sommes allés dans une salle voisine pour contempler le grand tableau « Les hébreux conduits en captivité » de Bellet du Poizat. Oh, surprise, nous avons retrouvé de nombreux détails de ce que nous avions imaginés ! C’était bien la même scène ! Puissance évocatrice et unanime de la musique et de la peinture… Et nous finissons en saluant en chanson cette grande page d’histoire : « Va, pensiero » , qui dit (en résumé) :
Va, pensée, sur tes ailes dorées,
va, pose-toi sur les collines (…)
et que le bon dieu t’inspire une harmonie qui nous donne le courage
de supporter la souffrance !