
À Lorient dans le Morbihan, un quartier qui vit avec tous ses habitants
De plus en plus, des centres sociaux et des Maisons Pour Tous (MPT) veulent impliquer davantage les parents dans les projets éducatifs. Cela change la vie des quartiers. Exemple à la MPT de Kervénanec, à Lorient.
La MPT, c’est une quinzaine de salariés, des dizaines de bénévoles, 700 adhérents de 5 à 77 ans répartis entre les quartiers du Ter, du Kreisker et de Kervénanec (soit environ 8 500 habitants). Une cinquantaine d’associations y organisent des activités. « Nous allons au-devant des familles les plus en difficulté », explique Bertrand Bovani, responsable du secteur enfance à la MPT. « Nous organisons régulièrement des activités à l’extérieur, pour toucher peu à peu des parents que nous ne connaissons pas encore. Vivre ensemble ne va pas de soi. Cela s’apprend. Nous créons des espaces de rencontre pour dire ce qui va et ce qui ne va pas. » Les courses de trottinettes, les « cafés gâteaux », les ateliers réparation de vélos, etc., ont beaucoup de succès sur les places alentour.
À la MPT, les parents sont pleinement acteurs. Ce sont eux qui ont entièrement refait en 2009 les locaux de la « maison d’Alfredo », le centre de loisirs qui accueille 70 enfants de 6 à 12 ans pour un accompagnement à la scolarité. Juste en face, un papa a démarré un jardin partagé. Alors que dans la plupart de ces centres, les animateurs s’occupent de tout et les parents de rien, quand un papa ou une maman passe avec ses enfants à la maison d’Alfredo, il peut faire une pause café ou donner un coup de main. « Même si cela ne s’apprend pas avec le BAFA(1), nos animateurs savent bien que lorsqu’on accueille un enfant ici, il a une famille ! », dit Bertrand Bovani. Une dizaine de parents participent régulièrement à cet accompagnement à la scolarité en tant que bénévoles, ainsi qu’aux rencontres avec les enseignants une fois par trimestre.
En ce début 2015, l’atelier couture de la MPT s’est déplacé dans l’école voisine et un groupe de mamans se retrouve chaque semaine dans la salle des professeurs pour confectionner les costumes du carnaval. Des enseignants y croisent ainsi des parents qu’ils n’avaient jamais vus. « Cela montre bien que lorsque des parents ne viennent pas aux réunions de l’école, ce n’est pas parce que cela ne les intéresse pas, commente Bertrand Bovani. C’est aussi parce que certains en ont une grande appréhension. Il est encore trop tôt pour mesurer comment tout cela fait progresser la réussite des enfants, mais on voit bien que les regards changent chez des enfants, des enseignants, des parents. Certains parents qui nous disaient il y a quelque temps : « Faites que mon enfant réussisse » ont pris conscience de leur capacité à soutenir eux-mêmes leurs enfants. » Des ateliers « la parole des parents, la réussite des enfants », des rencontres parents-ados, etc. se tiennent régulièrement à la MPT.
« Dans les structures du quartier, les regards changent également, confirme Hervé Quentel, directeur de la MPT. Les habitants ont été associés à la conception de la salle culturelle « La Balise » qui s’est ouverte fin 2012 au milieu du quartier.
La collaboration de la MPT au projet national « En associant leurs parents, tous les enfants peuvent réussir » a permis de souder son équipe autour de cet enjeu de la participation des parents et de faire connaître ses pratiques sur le territoire de Lorient et ailleurs. Elle lui a permis aussi de mettre en œuvre des outils issus du « croisement des savoirs » dans ses « conseils de Maison », qui réunissent une centaine de personnes une à deux fois par trimestre.
JCS
Photo du haut : Octobre 2014 à la Maison Pour Tous. Un papa construit avec des enfants une « maison à l’envers » qui a été l’une des attractions du festival du livre jeunesse de Lorient. 57 parents et des dizaines d’enfants ont participé à la construction de cette maison (photo DR)