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Livres et films: les coups de coeur d’ATD Quart Monde

A LIRE

Le débat du mois

Autour du livre Quand un peuple parle

– « Pourquoi la misère existe-t-elle ? », lance une personne dans l’assistance.
– « Je continue à me poser la question, répond Bruno Tardieu. Il y a la prédation et les très grandes inégalités mais il y a quelque chose au delà. Tant que les populations très pauvres n’ont pas la parole, cela pourra durer longtemps. Mais il y a des moyens de prise de conscience, de progrès. »
Dans une salle de La Lucarne, la MJC de Créteil (Val-de-Marne), le 7 avril dernier on débattait du livre Quand un peuple parle. C’est Pierre Perrot, militant communiste local, qui, après avoir lu l’interview de Bruno Tardieu dans l’Humanité, a décidé d’organiser une rencontre. Il a rassemblé un collectif de personnes engagées – au PC, au Front de gauche, à l’Action catholique ouvrière, des sans-parti aussi – qui l’ a préparée. Tous ayant lu le livre, l’échange a été riche, les questions nourries.
Interrogé par Martine Garrigou, conseillère municipale communiste, Bruno Tardieu est revenu sur son parcours, d’  « élève ingénieur des beaux quartiers » devenu volontaire permanent à ATD Quart Monde, parti vivre dans un quartier pauvre de New York. Il a a aussi confié son émotion de revenir à Créteil, à deux pas de la cité des Emouleuses où il a animé une bibliothèque de rue au tout début de son engagement.
« Les enfants les plus pauvres ont des savoir et des expériences que l’éducation nationale ne reconnaît absolument pas, il reste beaucoup à faire », a déploré une prof de primaire. Des travailleurs sociaux ont évoqué leur rôle et aussi leurs limites, après que Bruno Tardieu ait regretté que la parole des enfants issus de la pauvreté ne soit pas suffisamment prise en compte et que le nombre de placements augmente dans les quartiers.
« Je suis militant d’un parti, a expliqué un participant, depuis 40 ans je vois que la misère fait baisser la voix, que l’on n’entend pas les pauvres. Leur donner la parole est essentiel, faire avec eux aussi. Nous avons bien des points communs. »

Véronique Soulé

Quand un peuple parle ATD Quart Monde, un combat radical contre la misère, Bruno Tardieu, préface de Laurent Voulzy, 2015, 262 p., 13,50 €

Et aussi :
Sur le chemin de l’eau, Pascal Lallement et Liliane Larmoyer
Un chantier de solidarité mené dans la banlieue de Dakar, au Sénégal.
Ed. Quart Monde, 2016, 48 p., 3 euros.

Dans les cicatrices de la ville, Jaime Solo
Le livre et la culture comme armes de dignité dans ces nouvelles qui se déroulent au Guatemala.
Ed. Quart Monde, 2015, 136 p., 9 euros.

A VOIR

Médecin de campagne. Fiction. Thomas Liti. France. 2016. 1h42.

Dans une zone rurale d’Ile-de-France, Jean-Pierre soigne et rassure sept jours sur sept ses patients. Malade à son tour, il doit faire appel à Nathalie, jeune médecin d’hôpital, qui va devoir s’adapter à ce milieu et remplacer celui qui se croyait irremplaçable. Avec un regard quasi documentaire et réaliste, entremêlé d’une trame romanesque, le film pointe le problème des déserts médicaux et des maisons de santé, la notion d’égalité dans l’accès aux soins, le droit à mourir chez soi. Nous rêverions tous d’avoir un docteur comme celui-ci, plein d’humanité, de sensibilité, confident de nos soucis.

The lady in the van. Fiction. Nicolas Hytner. Grande-Bretagne. 2016. 1h44. Version originale sous-titrée ou version française.

Dans son quartier huppé de Londres, l’écrivain Alan Bennett rencontre Miss Sheperd. Excentrique, asociale, anticléricale, elle vit dans sa camionnette à la suite d’un accident de la route dont elle aurait été responsable. Autorisée à se garer dans son jardin, elle y restera jusqu’à sa mort. Les voisins tolèrent mal cette présence. Les plus sympathiques lui font « la charité ». Depuis son camp retranché, la vieille dame indigne scrute avec humour, voire cynisme, la société qui s’agite, indifférente ou maladroite. L’histoire vraie d’une amitié particulière, pleine d’émotion. « Elle a eu une vie plus riche que la mienne », dira l’écrivain.

Bella Lehmann-Berdugo

Photo tirée du film The Lady in the van