
À lire et voir en juin 2017
Rencontre avec Tito, dessinateur BD
Il est l’un des architectes de l’album sur les préjugés sur les pauvres.
» Nos routes se sont croisées il y a vingt-cinq ans, se souvient Tito. Comme je le fais pour tous les sujets que je traite, je cherchais à m’informer sur la pauvreté et je me suis tourné vers ATD Quart Monde « . L’auteur enchaîne les albums mais la question de la précarité continue de le hanter. Aussi, lorsqu’en juin 2016, le Mouvement lui propose de participer à une BD sur les idées fausses sur les pauvres, il n’hésite pas un instant.
Son histoire, qui ouvre cet album collectif, évoque un jeune garçon découvrant l’injustice : son père a pris un gâteau périmé au supermarché où il travaille pour fêter l’anniversaire de sa fille et il a été licencié. » J’ai été inspiré par un fait divers d’une femme qui volait des sandwiches périmés aussi pour ses filles et qui a perdu son travail « , précise le dessinateur, auteur notamment de la série » Tendre Banlieue « . » Quand une société permet de telles choses, c’est qu’elle va vraiment mal « , ajoute-t-il.
Pour présenter l’album auquel il croit fort, Tito ne ménage pas ses efforts. Le 1er mai, il s’est rendu au salon du livre d’Arras » Colères du présent « . Sous la pluie, il a rejoint le stand des éditions Alterlibris sous un chapiteau en plein vent Place des Héros. Souriant derrière sa pile d’albums, il a expliqué aux visiteurs l’importance de traquer les préjugés. En guise de dédicace, il dessinait aux crayons de couleurs le visage de l’acheteur.
Le soir, Tito a repris le train pour Paris, l’esprit tranquille : cet album est, selon lui, » un travail salutaire » en ces temps chaotiques.
Véronique Soulé
La bibliothèque, c’est ma maison et autres histoires
Stop aux idées fausses sur les pauvres et la pauvreté
Collectif de scénaristes et dessinateurs
Éd. Quart Monde, 2017, 64 p., 9,90 €
Les enfants acteurs de leur développement
ATD Quart Monde et l’Institut Supérieur Maria Montessori, regards croisés sur l’éducation
Collectif, coordonné par Diane Vandaele
2017, Éd. Quart Monde, 164 p., 10 €
Tous les enfants veulent et peuvent apprendre. La grande pauvreté ne saurait justifier l’échec scolaire comme le montre l’atelier pédagogique mis en place par ATD Quart Monde avec l’Institut Supérieur Maria Montessori à Noisy-le-Grand.
A voir
LA MADRE. Alberto Morais. Espagne. Fiction. 1H29. VOSTF.
D’emblée, le beau regard gris de Miguel semble bien grave pour ses 14 ans. Une vie compliquée, une mère au chômage et jugée trop fragile pour éduquer son fils. Placé en foyer, il s’en est échappé. Sa mère lui promet de déposer un recours pour obtenir sa garde. Elle l’envoie se cacher chez Bodgan, un ancien ami. Mais les rapports sont tendus car elle lui a volé de l’argent. Pour racheter cette dette, Bogdan fait travailler l’enfant sur un chantier.
Autour de Miguel, il y a l’ami de collège, quelques adultes et beaucoup de solitude. En survie matérielle et psychologique, l’adolescent reste animé par une formidable énergie vitale. A travers ses silences, on lit l’attachement ambivalent à sa mère et sa recherche éperdue d’une vie « normale ». Un film sur l’exclusion, austère, sans concession, réaliste et sans parti pris.
DE TOUTES MES FORCES. Chad Chenouga. France. Fiction. 1H38.
Un adolescent, une mère dépressive qui se suicide, un placement en centre d’accueil, un dossier « cas social ». Nassim, beau comme un dieu, mène une double vie : le jour, il fréquente un lycée et des copains de classe bourgeois, le soir, un foyer de banlieue. Il essaie de garder étanches ces deux mondes.
Il finit par se lier d’amitié avec les pensionnaires du foyer, tous blessés par la vie. Le fond musical, l’esthétique photographique, les péripéties amoureuses, les fugues, les bagarres, enfin les liens tissés avec une extraordinaire directrice, à la fois ferme et bienveillante (Yolande Moreau parfaite), tout concourt à notre empathie avec les personnages. Les thèmes sont traités tambour battant.
MAUVAIS ELEVES. N. Ubelmann et S. Mitrani. France. Documentaire. 1H26.
D’anciens mauvais élèves, de toutes catégories sociales, aujourd’hui bien insérés, témoignent de l’absurdité d’apprentissages sans lien avec la réalité et de l’impression d’être niés en tant que personne.