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À lire et voir en juillet 2016

Le débat du mois : Cinéma et pauvreté

Où en est la représentation de la pauvreté au cinéma ? Sous la houlette de la journaliste Marie Colmant, les cinéastes Marianne Tardieu (Qui vive) présidente du jury ATD Quart Monde 2016, Jean-Pierre Duret (Se Battre) et le producteur anglais Simon Mallinson d’Hector, le film lauréat du prix Agir Tous pour la Dignité 2016, ont tenté de répondre le 31 mai au cinéma Méliès qui accueillait le festival du film ATD Quart Monde.
Jean-Pierre Duret veut mettre en commun la manière de lutter et de voir le monde des personnes en précarité avec le vécu du spectateur. Pour filmer des personnes égratignées par la vie et la société, dit-il, « lâchons le regard « en surplomb », prenons le temps de tisser la confiance dans la durée, à l’inverse du reportage éclair, osons une vraie relation réciproque. »
Marianne Tardieu témoigne : « notre jury s’est demandé : à quoi voit-on à l’écran que le personnage est pauvre ? Montrer des visages trop marqués, abîmés, n’est- ce pas déjà une représentation discriminante ? »
En Grande-Bretagne, le 7ème Art aborde depuis longtemps les questions de pauvreté, précise Simon Mallinson. « Hector ne parle pas de pauvreté mais de respect. On fait tous partie d’une même humanité », ajoute-t-il. Le cinéaste doit parfois simplifier la complexité des situations, des sentiments humains.
L’humour dans le cinéma social reste encore rare chez les auteurs français comparé aux britanniques. « Le bonheur fort heureusement n’est pas le privilège des riches, nous avons tous reçu l’humour à la naissance pour faire face aux difficultés de la vie », explique Simon Mallinson.
« J’ai voté pour  La tête haute » parce que ça m’a rappelé mon histoire, abandonné bébé. Pour que ça n’arrive pas de nouveau », dit un juré de Montpellier. « Dans ce festival, nous avons un public très particulier, a conclu Stéphane Goudet, le directeur artistique du Méliès : ceux qui n’ont aucune idée des circonstances qui jettent quelqu’un à la rue et ceux qui l’ont vécu dans leur chair. »

Bella Lehmann-Berdugo

A LIRE

Réinventer l’économie
Revue Quart Monde n° 238, 8 €
Alimenté par des apports du séminaire international Campus 2015, ce dossier approfondit la question de savoir comment fonder le développement économique, social et humain sur l’intelligence de tous. Qu’apprenons-nous des personnes et populations exclues sur l’argent, sur le développement durable, sur l’organisation du travail ? En quoi l’expérience d’ATD Quart Monde nous révèle-t-elle de nouveaux apports possibles pour une économie respectueuse des personnes et de la terre ?

Les Editions Quart Monde publient en ebook:

Le Croisement des savoirs et des pratiques.
Un ouvrage fondamental sur le pouvoir d’agir (empowerment) et les conditions requises pour une vraie participation à notre démocratie des personnes en situation de grande pauvreté.

On n’est pas faits pour vivre comme ça.
Les habitants les plus pauvres de La Nouvelle-Orléans témoignent suite aux ravages de l’ouragan Katrina : piégés par les inondations, évacués après avoir tout perdu, ils luttent pour ne pas être exclus des programmes de reconstruction qui font la part belle aux opérations de promotion immobilière.

Pour commander votre ebook à 4,99 €, rendez vous sur www.editionsquartmonde.org, dans l’onglet Livres, rubrique Livres numériques.

A lire sur smartphone, liseuse ou tablette, ainsi que sur PC ou Mac en l’ouvrant avec le logiciel gratuit Calibre.

A VOIR

par Bella Lehmann-Berdugo

Le professeur de musique. Sergio Machado. Brésil. Fiction. 2016. 100 mn. Version originale sous-titrée en français.
Laerte, violoniste doué mais sujet au trac, échoue à l’audition pour intégrer l’orchestre symphonique de São Paulo. Il accepte à contrecœur d’enseigner la musique à des adolescents d’Heliopolis, la plus grande favela de la ville. Après un démarrage difficile, assez vite, il va déceler en chacun des capacités et une motivation, puis donner à ces jeunes considérés comme perdus une raison de se sentir fiers d’eux-mêmes. On peut regretter des raccourcis qui rendent peu vraisemblables les progrès rapides des élèves et un côté un peu pathos. Mais c’est un film généreux et résolument optimiste où la pratique artistique devient levier social et émancipatoire.

600 euros. Adhane Tragha. France. 2016. Fiction. 83 mn.
Portraits croisés de citoyens durant les deux tours de la présidentielle de 2012. Marco se rêve chanteur à textes. Mais en galère financière, il brûle sa carte d’électeur et trouve une colocataire, Leïla, jeune étudiante enthousiasmée par la montée de François Hollande. Leur voisin est un veuf solitaire attiré par le Front National. Il ne parle plus à sa fille depuis qu’elle vit avec un Noir sans papiers. Pour l’auteur, « les déçus de la politique ont surtout besoin que l’on s’intéresse à eux, que l’on essaie de comprendre la cause de leurs choix radicaux pour mieux y répondre ».