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A lire et à voir en mars 2018

A lire

En mars, on lit des nouvelles !

Le monde changera un jour

Trente auteurs

Trente nouvelles qui démontrent, chacune à sa manière, qu’on ne pourra vaincre la pauvreté que si des personnes de milieux différents, qui s’ignorent ou se méprisent, osent se rencontrer, se parler et s’écouter. « Au-delà de la joie éprouvée du fait que ma nouvelle ait été publiée, écrit l’un des auteurs, cette expérience d’écriture redéfinit ce que ne devrait jamais cesser d’être l’acte d’écrire : un pas volontaire et décisif vers l’autre. »

2017, Souffle court éditions-Éd. Quart Monde, 424 p., 10 €

Dans les cicatrices de la ville

Jaime Solo

Sur une gigantesque décharge au Guatemala, des hommes, des femmes, des enfants travaillent, vivent et meurent. En vingt-huit nouvelles qui nous transportent en Amérique latine, l’auteur nous livre le puissant récit d’une humanité luttant avec acharnement pour sa dignité : « Des récits de vie racontés avec un vrai don littéraire. Des temps forts où toutes les énergies se rassemblent et où éclot la richesse de notre humanité. »

2015, Éd. Quart Monde, 136 p., 9 €

Funambule

Françoise Caillardaud

Alfred, Célimène, Louis, Gisèle… Aucun des personnages qui ont inspiré ces neuf nouvelles n’a une vie facile. Pourtant, tous nous impressionnent : leurs bonheurs, leurs rages, leurs espoirs, leurs doutes nous interrogent et nous invitent à jeter aux orties jugements trop rapides et idées toutes faites. En refermant le recueil, on se prend à espérer les rencontrer pour pouvoir partager leurs éclats de rire et leurs larmes.

2015, Éd. Quart Monde, 64 p., 3 €

Le pactole

Gilles Warembourg

Dix nouvelles écrites à partir de témoignages d’hommes et de femmes aux parcours de vie difficiles, tous militants du Mouvement ATD Quart Monde. Histoires de vie, histoires de rêves qui se heurtent à la réalité… « La force de ces textes, explique l’une des participantes, vient du fait qu’ils nous parlent de ce que nous sommes tous : des hommes et des femmes aspirant au bonheur, avec nos peurs, nos besoins de sécurité, notre besoin d’être estimé, respecté, aimé… »

2011, Éd. Quart Monde, 56 p., 3 €

A voir

L’Ordres de choses. Andrea Segre. Fiction. Italie. 2018. 1H55. VOST.

Coup de cœur 💙

Corrado Rinaldi, haut fonctionnaire du Ministère de l’Intérieur italien, est envoyé en Libye pour endiguer les flux de migrants illégaux en provenance d’Afrique et négocier auprès de chefs de tribu leur maintien dans des centres de détention. Des circonstances inattendues vont lézarder les murailles dorées de ce policier d’origine, froid et méthodique. Lors d’une de ses visites, Swada, une jeune somalienne, lui demande en cachette de l’aide. Le récit avance avec précision, ralentit, s’essouffle un peu. Les personnages secondaires – chefs miliciens et trafiquants, émissaires européens, le ministre, l’épouse – sonnent tous juste. Derrière un homme finalement solitaire, il y a chacun de nous. Un film fort, qui dépasse notre temps.

America. Claus Drexel. Documentaire. Etats-Unis. 2018. 1H22. VOST.

Fin 2016, en pleine présidentielle, Seligman, Arizona, est une petite ville de l’Amérique profonde, vidée de ses habitants et de ses commerces car l’autoroute ne passe plus. Les héritiers du rêve américain, oubliés, appauvris et toujours aussi patriotes, confient leurs espoirs et leurs doutes. Avec ou sans chapeau de cowboy, en plein air ou dans un intérieur kitsch : Larry, conducteur d’engins – « rien à foutre d’un milliardaire » –, Angel et Vilna, vieux couple émouvant de Mexicains- « nous on est des coriaces » –, Sandy, ex infirmière au Vietnam, serrant sur son cœur Black Beauty, son revolver chéri… Le réalisateur alterne beauté des paysages et entretiens bruts de décoffrage. Il montre sans juger mais ces visages et ces paroles ne permettent pas de saisir toute la complexité d’un pays.

Latifa, le cœur au combat. Olivier Peyon et Cyril Brody. Doc. France. 2017. 97 mn. DVD/VOD.

A la mort de son fils, l’une des victimes de Mohamed Merah, Latifa Ibn Ziaten part à la rencontre des jeunes des banlieue. Inégal.

OUAGA GIRLS. Theresa Traore Dahlberg. Documentaire. Burkina/France/Suède. 2018. 80 mn. VF+VOST (selon les scènes).

A Ouagadougou au Burkina Faso, Bintou, Chantale, Mouniratou, Adissa, Nathalie, Catherine, Dina, Marthe et Rose veulent devenir mécanos ; elles étudient –ici en quatrième et dernière année- au Centre féminin d’initiation et d’apprentissage aux métiers (une association soutenue par l’ONG Terre des hommes). Ponçage, démontage, carrosserie, exploration des moteurs de vieilles guimbardes, les France au revoir alternent avec des moments d’ennui ferme. Le film s’étire aussi. Elles pensent qu’ »une femme peut faire n’importe quel métier si elle veut » même ceux qui nécessitent de la force. Leurs enseignants en mécanique sont pourtant tous des hommes, qui croient peu en elles : « vous voulez que le bonheur vous tombe du ciel ». L’une des futures mécaniciennes rencontre une patronne de garage qui a suivi la même formation et commande aujourd’hui à des hommes. La scène est plus qu’encourageante même si on imagine que le cas est rare (là-bas tout autant qu’en Europe).

Ces jeunes filles ne semblent guère passionnées par leurs cours, malgré les fous rires et leur complicité. Ont- elles vraiment choisi ce métier ?

Le cours de lecture/explication de texte dispensé par une femme est prétexte à éducation sexuelle et tirade moralisatrice sur le sérieux de toute jeune fille qui se respecte elle et son avenir.

Ces Burkinabées supposées féministes croient-elles vraiment à ce qu’elles prônent ? « Si j’épouse un homme, c’est lui qui aura le dernier mot » Nous les voyons se faire des tresses entre les cours, défiler en talons, moulées dans leurs jeans- après avoir quitté leurs blouses bleues peu sexy- ou bien chez le coiffeur, ou faire la fête à un concert, rêver à une carrière d’artiste. Et c’est bien légitime après tout car leur vie n’est pas simple. Des séances individuelles avec la psychologue de l’établissement (un peu voyeuristes-rejouées ou pas) révèlent qui une mère absente, qui un enfant à élever sans le père, qui une fratrie nombreuse à soutenir financièrement.

Pas de  « bousculement joyeux des préjugés » (sic) donc pour ce film quand même juste et plus sombre qu’il n’y paraît. Ces jeunes filles ont bel et bien des désirs, des rêves mais elles ne ressemblent pas aux guerrières audacieuses que salue la directrice d’école en leur remettant leur diplôme. La libération, l’indépendance ne viendront pas forcément à leur rencontre même si certaines tenteront bien leur chance.

A noter qu’ATD Quart Monde est présent au Burkina, notamment auprès de jeunes eux très éloignés de leur famille et de l’école. » La Cour aux cent métiers »leur propose un lieu d’accueil pour retisser des liens rompus : 

http://www.atd-quartmonde.org/mobilisation2017/reportage-rfi-cour-aux-cent-metiers-ouagadougou/

http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-473.html

EL FIGLIO MANUEL. Dario Albertini. Fiction. Italie. 2018. 1H37. VOST.

Manuel, tout juste 18 ans, quitte le foyer catholique de jeunes où il a vécu durant son adolescence parce que sa mère est en prison. A la fois le grand frère de certains enfants, le soutien à l’occasion d’une éducatrice débordée dans certaines situations, il fait ses adieux. Sa première journée de liberté est jalonnée de rencontres fortuites : une séduisante jeune comédienne bénévole chez Caritas (magnifique séquence de répétition d’une adaptation théâtrale de Baisers volés), un homme muet précaire (moments de grâce où il danse pour remercier), une prostituée attentive. Bientôt les responsabilités pleuvent : visiter sa mère en prison, remettre en état son appartement dévasté, trouver du travail, prouver à l’assistante sociale revêche et à l’avocat de sa mère qu’il pourra lui assurer un équilibre lors de sa sortie de prison en résidence surveillée. Les retrouvailles avec un ami qui lui propose de s’associer à un commerce lucratif en Croatie, de la drogue aussi, montrent un jeune partagé entre vivre sa vie et un presque adulte plus mûr que son âge obligé de veiller sur sa mère. Des dialogues très précis et mesurés, des personnages secondaires clés et attachants, un protagoniste principal au regard magnétique parfois, tout en retenue et en finesse (nombreuses scènes où il joue seul). Un premier film pudique sur la profondeur du lien filial, dépouillé et sensible sur une jeunesse en situation d’exclusion et les laissés- pour- compte.

Bella Lehmann Berdugo