À lire en juin
La dignité pour boussole. Un engagement avec ATD Quart Monde
Éditions Quart Monde/ Éditions de l’Atelier, 304p., mai 2020, 18 €
Eugen Brand a été délégué général d’ATD Quart Monde après la mort de Joseph Wresinski, une responsabilité qu’il a bâti avec d’autres. Dans ce livre d’entretiens avec Michel Sauquet, écrivain et enseignant à Sciences-Po, il raconte sa rencontre avec le Mouvement à l’âge de 22 ans et sa volonté de devenir volontaire permanent. Il vit alors parmi des familles en grande pauvreté et apprend à leurs côtés. Cet engagement le mènera à Créteil, New York, Bâle, au Pérou, en Bolivie… À travers ces épisodes de la vie d’Eugen Brand, ses doutes et ses convictions, ou encore ses moments de compagnonnage avec le fondateur du Mouvement, c’est l’histoire de la gouvernance d’ATD Quart Monde qui est dressée, dans ses tâtonnements et ses évolutions. Dans cette série d’entretiens d’où naîtra une forte amitié, Michel Sauquet et Eugen Brand échangent et partagent leurs expériences et questionnements. À la suite d’Eugen Brand, ce livre nous permet de comprendre et de revendiquer que les « sans-droits » sont la source et le moteur des grandes transformations à réaliser au sein de la société.
Retrouvez ce livre sur le site des Éditions Quart Monde.
Faire Guignol
Paul Fournel, Éditions P.O.L, 2019. 260 p., 19,50 €
La vie de Laurent Mourguet, Lyonnais, illustre inconnu il y a plus de 200 ans et pourtant tellement moderne. D’abord canut comme son père, il a fait tous les métiers. Il est au chômage, marié à Jeanne, dix enfants. Sur les marchés, il croise des marionnettes. De fil en aiguille, il invente Guignol, personnage à la langue bien pendue qui fait rire les badauds, les invisibles, ceux qui n’ont pas les mots : « Tu seras tout le monde et personne ». Laurent, illettré, intelligent, impertinent, s’inspire de l’actualité agitée de l’époque. À la lecture de ce livre, je suis happée par l’effervescence et les senteurs d’une ville : quais de Saône, traboules, foires, travail du bois, cuisine de Jeanne. Comme le marionnettiste, l’auteur manie d’habiles ficelles : « approche et écoute ! » Au milieu du petit peuple, le patois va bon train (et je le comprends). Devant le castelet de Guignol, des saynètes se déroulent sous mes yeux. Ce sacré bonhomme dit tout fort ce que je n’ose dire tout bas. Il secoue ma résignation. Enfin, Guignol n’est pas du tout pour la charité, il est pour la justice sociale. Bella Lehmann-Berdugo
