Entrez votre recherche ci-dessous :

A la rencontre des sénateurs : une première délégation ATD Quart Monde reçue dans la Marne

Une proposition de loi « visant à lutter contre la discrimination à raison de la précarité sociale » vient d’être déposée au Sénat. Ce texte a besoin du soutien de tous les sénateurs, au-delà des clivages politiques.

A Reims, nous avons donc décidé de rencontrer les sénateurs de notre département, afin de les sensibiliser à notre combat et leur montrer combien il était important qu’ils soutiennent ce projet de loi. Nous avons constitué un dossier à leur remettre, et nous avons demandé des rendez-vous.

Lundi 4 mai, première rencontre : Yves Détraigne, sénateur-maire de Witry-les-Reims, accompagné de son attachée parlementaire Hélène Devilliers, a reçu notre délégation composée de trois militants et deux alliées du mouvement.

Nous avons expliqué que le mouvement porte ce projet de loi depuis 2009 et comment à Reims nous avons contribué à la réflexion autour des discriminations dans le cadre de l’Université Populaire Quart Monde ou en participant à une audience devant la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme) lors d’un 17 octobre et aussi en participant il y a quelques semaines à la délégation reçue par le président François Hollande à l’Elysée.

Nous savons que cette loi n’empêchera pas les discriminations mais elle sera un marqueur pour la société : « ce sera un recours qui rend plus fort et qui protège. »

Chaque militant a donné un exemple de discrimination et montré que ces exemples touchaient des domaines variés : soin, demande d’aide sociale, paiement de factures… Ils ont voulu dire à Monsieur Détraigne ce que la discrimination produisait sur les personnes : l’humiliation d’être désigné comme pauvre publiquement dans une salle d’attente d’orthodontiste, la honte et la difficulté quotidienne de ne pouvoir choisir comment étaler ses factures alors qu’on a la volonté de payer, la honte et la colère de se voir proposer de faire un test du sida alors qu’on vient faire une demande de logement auprès d’une assistante sociale… Par ailleurs, des personnes qui ont connu des situations de discrimination ne veulent plus faire des démarches à la mairie, dans les administrations ou aller dans les écoles de leurs enfants par peur de revivre des situations semblables.

Les militants ont expliqué comment on travaillait à ATD notamment quand on s’adressait à des officiels : Colette a insisté sur le fait que la parole est toujours collective et qu’on ne parle pas pour soi mais au nom des autres, Serge a précisé qu’il existait une grande écoute entre nous et il a dit l’importance de retrouver « nos mots » dans nos écrits, Raymonde a aussi parlé de ce qu’apportaient les coformations. Isabelle a expliqué comment s’était constitué un comité de soutien sur une situation abusive où une personne avait perdu toute ressource suite à une erreur de la CAF. « La force vient de ne pas être seul. »

« On ne veut pas être transparents, on veut participer à la vie de la société » a ajouté Serge.

20150504_104334

Monsieur Détraigne et son attachée parlementaire nous ont écoutés attentivement et avec intérêt. Ils ont été surpris par nos témoignages. Le sénateur a dit être sidéré par ce que nous lui présentions. Il a semblé prendre toute la mesure des conséquences que le jugement subi et l’humiliation peuvent avoir notamment sur les enfants qui voient leurs parents humiliés.

A priori, il ne voit pas de raison pour que les sénateurs s’opposent à cette loi. Seul l’agenda très chargé peut reporter le vote. Monsieur Détraigne nous a dit qu’il nous tiendrait au courant des avancées de cette loi au sénat.

Nous pouvons fièrement dire que notre objectif lors de cette rencontre est atteint. Nous attendons maintenant des réponses des autres sénateurs du département, que d’autres militants et d’autres alliés se préparent à rencontrer.

Nous encourageons les membres du mouvement ATD Quart Monde à faire de même auprès de leurs sénateurs partout en France.

Contact : equipe.reims@atd-quartmonde.org