
À Guéret dans la Creuse : mettre en confiance et libérer la parole
À Guéret, le projet « En associant leurs parents, tous les enfants peuvent réussir » a permis de trouver un réseau et de nouveaux outils pour développer la participation des parents.
La ville accorde depuis longtemps une grande importance au soutien aux familles dans son PEL(1) et son appui aux structures de proximité et aux associations, comme « Une clé de la réussite » qui mène des actions culturelles et d’accompagnement à la scolarité. Pour Danielle Vinzant, chargée de la jeunesse, de la citoyenneté, de la prévention et de la cohésion sociale, la question est permanente : « Comment associer davantage tous les parents, y compris les plus en difficulté ? »
C’est dans cet esprit qu’un travail approfondi a été lancé en 2010-2014 sur le thème : que signifie « réussir » pour un enfant et sa famille ? Qu’est-ce que qui fait obstacle ou au contraire favorise cette réussite ? Deux groupes, l’un de parents, l’autre de professionnels de l’éducation, ont réfléchi avec l’aide de chercheurs de l’université de Limoges. Plusieurs questions ont ensuite été retravaillées en « croisant » les travaux des deux groupes avec une pédagogie qui s’inspire du « croisement des savoirs et des pratiques ». Parmi ces questions : comment faire face aux violences auxquelles les enfants peuvent être confrontés ; comment dépasser les idées reçues entre parents et enseignants…
« Indépendamment des résultats de ce travail, précise Danielle Vinzant, on a gagné une libération de la parole et une mise en confiance de chacun. Les parents ont eu l’occasion de parler de l’éducation de leurs enfants avec d’autres parents. Les réunions à l’école sont souvent des réunions d’information, ce qui ne correspond pas toujours à leurs attentes. Avec ce travail, ils ont compris qu’une solidarité était possible entre eux et ils ont vu des professionnels engagés, avec qui le dialogue pouvait s’instaurer. Ils viennent maintenant plus nombreux aux réunions, et avec plus de propositions. Même si les pratiques ne changent pas du jour au lendemain, tous les professionnels se sont appropriés l’idée qu’il faut associer les parents. »
« L’implication des parents se développe à travers différents projets », explique Delphine Guerrier, coordinatrice parentalité et cohésion sociale. Par exemple, ils souhaitent pouvoir rencontrer les enseignants régulièrement, même lorsqu’il n’y a pas de problème avec leur enfant, car on résout mieux les problèmes quand on se connaît. Se connaître signifie aussi permettre aux professionnels de mieux percevoir les conséquences qu’a la précarité économique sur le quotidien de certaines familles et sur leur relation à l’école. « Dans l’école Jean Macé, poursuit Delphine Guerrier, un jardin collectif-espace parent a été créé en 2013-2014 avec le personnel éducatif, les enfants et les parents. Des groupes de paroles ont aussi été mis en place avec des collégiens et des lycéens. Avec l’école Jacques Prévert, nous travaillons à l’ouverture d’un espace parents afin de continuer à parler de ce qui se vit dans et autour de l’école. C’est ensemble que nous réfléchissons : où cet espace sera-t-il situé ? Que proposera-t-il ? Comment sera-t-il animé ?, etc. Et nous sommes en train de créer un centre social qui permettra de créer des liens entre différents quartiers. »
Jean-Christophe Sarrot
Quartiers prioritaires
À Guéret et Lorient, le territoire des actions menées par les élus, les acteurs de terrain, les habitants et reliées au projet « En associant leurs parents, tous les enfants peuvent réussir » fait partie des nouveaux quartiers prioritaires de la politique de la ville choisis en janvier 2015. Cela va apporter des moyens supplémentaires pour développer ces actions.
Photo du haut : Delphine Guerrier et Danielle Vinzant (photo Bruno Barlier, Le Populaire)