À La Flèche, un repas de Noël qui rassemble
Le 10 décembre 2015, le groupe local d’ATD Quart Monde recevait amis et partenaires. Charlotte, qui anime des ateliers cuisine, était aux fourneaux. Reportage.
Il est 11 heures 30 et les invités sont attendus dans une heure. Maryvonne s’inquiète : « Quelqu’un a pensé au pain ? » Charlotte nettoie les salades dans l’évier. A côté, sur le plan de travail, on vient d’ouvrir une dizaine de boîtes de conserves de haricots verts et de marrons qu’elle va devoir cuisiner. Deux personnes se proposent de filer acheter le pain. « Chez Leclerc, ce sera moins cher ! », lance quelqu’un. Message reçu.
Tartines de pâté et avocats au thon
Depuis 9 heures 30, une petite équipe d’ATD Quart Monde est au travail pour préparer le repas de Noël autour de Charlotte Jamois, secondée par son fils Christophe, grand gaillard timide mais efficace. Une trentaine de personnes sont attendues dans le local fourni gracieusement par la Mairie, deux vastes pièces avec un coin cuisine. Des militants et des amis du Mouvement, ainsi que « des huiles » – élus locaux, responsables d’associations … – sont attendus. « Nous faisons chaque année ce repas afin de renforcer les liens avec nos partenaires, explique Maryvonne Bigot, une ancienne CPE (conseillère principale d’éducation) responsable du groupe de la Flèche. Nous ne sommes pas toujours bien connus car nous, nous n’avons rien à distribuer.. » Cette année, la date a été avancée : Maryvonne part en Espagne le lendemain chez une amie collectionneuse comme elle – « je traque les girouettes depuis 40 ans », résume-t-elle. On s’active dans la bonne humeur. Trois femmes font des petites tartines de pâté. D’autres préparent les avocats nappés au thon et aux crevettes. La plupart sont des habitués des Ateliers cuisine de Charlotte. Très fière de son tablier avec le logo du Mouvement, elle surveille son monde, tout sourire.
Fromage et tartiflettes
Il y a là Bernadette qui épluche les oignons avec elle, et son mari Jacques. « Pour lui, un repas sans fromage n’est pas un repas, s’amuse Charlotte. Même quand on fait des tartiflettes, il en réclame. » Il y a aussi Laurence qui, après un passé d’échec scolaire, a découvert l’écriture avec l’association Lire et Comprendre pour Vivre et participe au journal Prenons la parole. Charlotte a rejoint le mouvement il y a 17 ans, après le décès de son mari. Depuis quatre ans, elle y anime des ateliers cuisine. Chaque second jeudi du mois, ils sont une dizaine à se retrouver à déjeuner au local. « On fait un repas complet à 2 euros 50, explique-t-elle, avec hors-d’oeuvre, plat, fromage, dessert. Et même le café. » L’idée lui est venue car « certains ne savent pas cuisiner ». « Je tiens un cahier où je note tout, les courses les repas… Puis avant l’été, je fais un livre avec les menus et j’en distribue à chacun. Et quand quelqu’un me dit qu’il a fait une recette, je suis heureuse. »
Cidre rosé ou à la poire
Pour le repas de Noël aussi, on a calculé serré. Une centaine d’euros pour une trentaine d’invités – 27 viendront. Charlotte et son équipe ont composé un menu en suivant leur devise – « bon, pas cher et équilibré » – : pâté et avocats, filets de dinde avec ses légumes, fromage et bûches maison. Charlotte a aussi « fait la déco », un autre grand plaisir. Une table multicolore avec des ronds de serviettes confectionnés en papier et des cornets remplis de chocolats pour chaque invité. Cidre rosé ou à la poire ? Un militant fait le service. Autour de la table, des anciens se souviennent. L’adjointe au maire, qui siège au conseil départemental, interroge Maryvonne. Des membres de la Confédération syndicale des familles, de Lire et Comprendre, et du Groupe d’entraide mutuelle, qui rassemble des personnes ayant des problèmes psychiques, échangent avec les militants. En janvier, ce sera la galette des rois, avec un repas réservé cette fois aux familles.
Véronique Soulé
Photo : La tablée du repas de Noël à La Flèche (Sarthe). A gauche, Maryvonne et Bernadette lèvent leurs verres debout.
