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Histoire d’une mobilisation à Colombes (92) autour de personnes sans abri

Cette mobilisation actuellement en cours semble pouvoir donner du sens et du courage à d’autres actions de soutien à des personnes sans domicile. C’est pourquoi nous vous en faisons part.

Depuis des années, des personnes sans abri viennent dormir sur le parvis de l’église. Le Secours catholique y fait des tournées-rue et le voisinage se mobilise pour aider ces personnes. Mais la situation tant pour les personnes elles-mêmes que pour le reste de la population devient de plus en plus inacceptable.

En décembre 2014 Solange, administrateur au CCAS, propose une réunion où se retrouvent le SAMU Social, l’EDAS et le CCAS, des assistantes sociales, des élus, la voirie, la police municipale, des paroissiens. En tout une 20aine de personnes. Il est créé un comité de suivi au CCAS auquel se joindra l’Ordre de Malte.

Après un conseil d’administration du CCAS, la maire de la Ville évoque l’état de saleté de ce parvis et dit « on va intervenir ». L’église est propriété de la commune. Solange lui écrit alors, expliquant le travail du comité de suivi pour trouver des solutions d’hébergement et soulignant également les actions des personnes sans abri pour rendre le lieu plus propre (mais comment rendre les matelas invisibles ?). Elle fait aussi corriger le procès-verbal dans lequel il était noté que la maire avait dit ses intentions d’intervenir, alors que cette conversation avait eu lieu une fois la réunion close.

Effectivement, quelques semaines plus tard, pendant les vacances de printemps, la police municipale intervient et tous les biens des personnes partent dans un camion poubelle, y compris des lunettes de vue et un kit pour le diabète, non récupérable. Sans plus attendre la solidarité du voisinage reprend : d’autres matelas arrivent !

La mobilisation s’élargit et s’organise. Des personnes se mobilisent : bénévoles, associations, paroisse et créent un comité de soutien. Une pétition est lancée sur internet, mais également par papier : un cahier circule même à l’association La Rampe, un accueil de jour, « Les gens étaient contents de pouvoir apporter leur contribution », et à la paroisse pour que chacun puisse écrire un commentaire. Ceux arrivés sur le net étaient imprimés et collés dans ce cahier.

En parallèle à cela, le comité de soutien décide de ne pas faire de manifestation dans la rue, pour inciter la maire à continuer à discuter avec lui. Celle-ci convoque le curé de l’église sur le parvis de laquelle l’installation de personnes est gênante (elle a reçu 30 plaintes). S’invitent à cette réunion 3 personnes du comité de soutien … Le but est d’expliquer, d’arriver à se comprendre entre personnes de bonne volonté. Ils demandent à la maire de les aider en appuyant les demandes du Service suivi social des personnes à la rue qui cherche des solutions d’hébergement durable ou de logement. Elle répond favorablement, ce que ne va pas manquer de souligner le curé dans sa lettre de remerciements d’avoir été reçu.

L’idée est maintenant de mettre en place une bagagerie1, beaucoup de personnes sans domicile vivant dans les environs. Parions que vont contribuer à ce projet tous ceux qui qui ont participé à la pétition que ce soit sur le net ou sur le cahier. Avec ou sans domicile !

Des membres du comité sont vigilants : attention à ne pas se focaliser plus sur les bagages que sur les gens ! La question demeure : « droit » à avoir ses affaires à l’abri ou droit au logement ?

Ce que cette mobilisation nous apprend d’important :

Impliquer des institutions dans le combat.

Faire une pétition sur internet ET sur papier : moyen d’aller à la rencontre de ceux à qui on demande rarement leur avis, et qui sont souvent les premiers concernés.

Etre vigilant sur le contenu des comptes rendus.

Après chaque entrevue, écrire pour remercier et confirmer les dires et ainsi les « acter ».

Informer par des communiqués pour expliquer la situation à la population : cela élargie la mobilisation, informe sur la réalité de vie de certains et casse les idées reçues.

Françoise Aba
Secrétariat des comités « Solidaires pour les droits »

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1 Local où des personnes sans domicile peuvent, dans un casier personnel, mettre leurs affaires en sécurité.