
Concertation sur la pauvreté des enfants : un débat sur les jeunes vulnérables
Courant avril, le président Macron dévoilera la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté des enfants et de jeunes. Elle a été précédée d’une concertation de trois mois avec des groupes de travail thématiques, une consultation sur internet et dix rencontres territoriales. Pour la quatrième, le 2 février dernier, le délégué interministériel Olivier Noblecourt s’est arrêté à Déols, dans l’Indre. Reportage.
Dans la grande salle du centre socioculturel de Déols, dans la banlieue de Châteauroux, tout est prêt pour accueillir Olivier Noblecourt, délégué interministériel à la lutte conter la pauvreté des enfants. Une petite table et un tabouret haut sur la scène pour le délégué, des chaises réservées au premier rang pour le préfet, les maires, le député, etc, et enfin, sur le grand rideau rouge du fond, l’annonce du thème de la rencontre : » Mieux accompagner les jeunes vulnérables « .
Inflexions
A 10 heures 30, Olivier Noblecourt ouvre le débat : » On doit se nourrir du terrain « … Puis il souligne les » inflexions » macroniennes dans la lutte contre la pauvreté. D’abord, les moyens doivent être concentrés sur les plus jeunes – » Un euro investi dans le petit enfant est plus efficace qu’un euro investi plus tard. Pour qu’un enfant pauvre aujourd’hui ne soit pas un adulte pauvre demain. »
Ensuite, poursuit Olivier Noblecourt, il faut privilégier la prévention, investir dans les équipements collectifs, les crèches… » A six ans, souligne-t-il, il existe un écart de mille mots entre un enfant de milieu favorisé et un de milieu défavorisé. »
La concertation lancée en décembre 2017, qui doit déboucher sur l’annonce, en avril, d’une stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, prévoit dix rencontres territoriales. Châteauroux, chef-lieu de 45 000 habitants d’un département rural, était la quatrième le 2 février dernier.
Chacune se déroule sur un mode similaire : une introduction d’Olivier Noblecourt, puis des échanges avec la salle. Les participants doivent être concis, l’exercice ne devant pas dépasser deux heures. Beaucoup ont déjà envoyé des contributions écrites – le délégué s’est félicité d’en avoir reçu 4 000 à ce jour.
Désert médical
Le chef du service Prévention spécialisée du centre social de Châteauroux lève le bras. Il décrit le travail des éducateurs » qui vont vers les jeunes dans les interstices de la rue » et qui les accompagnent vers des dispositifs lorsqu’ils sont en rupture. Il explique » les chantiers éducatifs » mis en place pour eux.
Plusieurs intervenants – d’associations familiales, de la CAF (Caisse d’allocations familiales), de l’ASE (Aide sociale à l’enfance)… – soulignent les problèmes psychiques de certains jeunes malmenés par la vie, qui refusent souvent de se faire aider. D’autres évoquent la difficulté pour ces jeunes placés de se retrouver, à la majorité, à devoir s’assumer seuls.
La rectrice d’Orléans-Tours renvoie aux réalités du département, un désert médical : » Il n’y a plus de médecin scolaire dans l’Indre. Or c’est surtout pour les enfants les plus pauvres que l’examen des six ans est important. » Elle ajoute que les écoles créent » des jardins pédagogiques car certains enfants ne connaissent pas les légumes et les dédaignent à la cantine. »
Vacances
Le responsable de l’association Vacances ouvertes Marc Pili a fait le voyage depuis Paris pour intervenir. Il lève la main : » On ne se rend pas toujours compte de l’enjeu des vacances, de leurs effets remobilisateurs sur ces jeunes, sur l’estime de soi, pour leur redonner envie d’agir sur eux-mêmes. »
A 12 heures 45, Olivier Noblecourt lève la séance. Initialement, la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn devait conclure. Mais elle a été retenue à Paris par le problème des intempéries. Après le déjeuner, le délégué interministériel va rencontrer des jeunes à la Mission locale de Châteauroux, en quête de solutions » le plus opérationnel possible « .
Véronique Soulé
photo: Olivier Noblecourt avant la rencontre au centre socioculturel de Déols le 2 février 2018 ; ©VS