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Xavier Godinot : Cinq recommandations pour l’après 2015

Xavier Godinot coordonne pour ATD Quart Monde la recherche-action participative « Le savoir tiré de l’expérience : construire l’agenda post-2015 avec les personnes en situation d’extrême pauvreté », qui rassemble environ 2000 personnes d’une douzaine de pays depuis 2012.

Comment ce travail d’évaluation se déroule-t-il ?

Les équipes d’ATD Quart Monde ont organisé des groupes de travail autour de questions liées aux OMD choisies par les participants. Des universitaires, des décideurs, des praticiens de différents secteurs, y compris des agences des Nations Unies, se sont associés à ce travail lors de séminaires à Pierrelaye en France, à Beau Bassin à l’Île Maurice, à La Paz en Bolivie, à Bruxelles en Belgique, à Antananarivo à Madagascar et à Ouagadougou au Burkina Faso. Un document présente les premiers résultats de ces deux ans de travail.

Quels sont vos principaux constats ?

Tout d’abord, bien souvent, les programmes de développement agissent contre les populations en situation de grande pauvreté et non pas pour elles. À cause des discriminations que ces populations subissent pour des raisons cumulées de genre, de couleur, d’ethnie et d’extrême pauvreté. Cela tient aussi au fait que les programmes des entreprises ou des États sont conçus et évalués en regardant seulement les moyennes, sans s’interroger sur ceux qui en ont été exclus. Pourquoi ? Parce que prendre en compte ces derniers, c’est plus compliqué et donc plus long. Or, les critères d’efficacité des programmes sont le volume et la rapidité de décaissement des fonds attribués, la rapidité de réalisation des projets, très rarement le degré d’intégration aux projets des populations qui en ont le plus besoin.

Quelles recommandations en tirez-vous pour l’après 2015 ?

Notre première recommandation est de ne laisser personne de côté, ce qui demande d’éliminer les discriminations fondées sur le sexe, l’origine sociale ou la pauvreté, dans les pays développés comme dans les pays en développement (les OMD ne visaient que ces derniers). La seconde est d’introduire les personnes vivant dans la pauvreté comme de nouveaux partenaires dans la construction de la connaissance sur le développement. Cela implique de créer de nouvelles formes de partage du savoir entre celles-ci, les universitaires, les professionnels et les décideurs.

Notre troisième recommandation est de promouvoir une bonne gouvernance participative. Cela implique d’aider les communautés à former leurs propres organisations de soutien et d’assurer que les structures locales, nationales et internationales mettent en place des mécanismes participatifs à tous les niveaux.

Quel est votre second constat sur la mise en oeuvre des OMD ?

Les droits de l’Homme des personnes en situation d’extrême pauvreté sont constamment violés et il faut les rendre effectifs. Ce n’est pas nouveau. Le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies a adopté en septembre 2012 des principes directeurs Extrême Pauvreté et Droits de l’Homme qui ne demandent qu’à être appliqués. Nous faisons deux recommandations dans ce sens. Tout d’abord, de promouvoir les emplois décents, la protection sociale et la satisfaction des besoins essentiels de tous (y compris concernant la protection de l’environnement et de la biodiversité), ce qui est en fait une obligation des États en vertu des traités relatifs aux droits de l’Homme.

L’éducation peut-elle jouer un rôle particulier ?

La plupart des personnes en situation de pauvreté pensent qu’elle est en effet le meilleur moyen pour leurs enfants de se libérer de la pauvreté. C’est là que réside notre dernière recommandation pour le cadre de développement d’après 2015 : arrêter d’exacerber la compétition et encourager la coopération à l’école entre tous les acteurs, les élèves, leurs familles, la communauté et les enseignants, afin de réaliser l’éducation et la formation pour tous.

OMD La Paz  OMD Madagascar

 

OMD Bruxelles

Moments de fêtes, de dialogue, de travail individuel et collectif lors des séminaires internationaux d’évaluation des OMD organisés à La Paz (Bolivie), Bruxelles (Belgique), Pierrelaye (France), Antananarivo (Madagascar), Ougadougou (Burkina Faso) et Beau Bassin (Île Maurice) en 2012 et 2013 (ph. ATD Quart Monde).

 

Téléchargez l’intégralité de l’étude « Pour un développement durable qui n’oublie personne »