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Refondation de l’école : c’est le moment de s’engager solidement

Le 23 janvier 2013, en ouvrant les débats à l’Assemblée Nationale sur la loi d’orientation et de programmation, Vincent Peillon, le ministre de l’Éducation nationale a rappelé ce qui motive une nécessaire refondation de l’école.Résumons-le en deux points : 150 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans qualification et le déterminisme social s’aggrave, condamnant trop d’enfants et de jeunes des milieux les plus défavorisés à un échec scolaire très lourd de conséquence.
Cette situation est inadmissible. Elle est une question de droits de l’Homme au sens le plus fondamental. Comment admettre tous les ans le gâchis de tant d’intelligences ? Comment accepter tous les ans cette condamnation de tant de jeunes à errer dans les circuits d’une improbable insertion dans le monde du travail ? Comment tolérer qu’un tel nombre de jeunes soit tous les ans exclus d’une participation citoyenne pleine et entière ? Alors oui, refondons l’école pour refonder la société. Commençons à l’école ce que nous voulons pour la société : la participation de tous, élèves d’abord, citoyens ensuite, dans une égale dignité.
L’école ne peut être vue comme un instrument de la relance. La refondation ne peut se justifier uniquement par des motifs économiques. Un collégien « décrocheur » ne sera guère motivé par la perspective d’une augmentation du PIB1. Ce serait nous rabaisser tous collectivement que d’offrir aux enfants et aux jeunes cette unique perspective. Il s’agit de construire tous ensemble une école dans laquelle chacun se sent respecté dans ce qu’il est, dans son histoire, dans son appartenance familiale, dans son quartier. Sans tout cela, pas d’accès aux savoirs.

Reusite_educative_22-6b66dLes syndicats d’enseignants, les fédérations de parents, les mouvements pédagogiques, les mouvements d’éducation populaire, etc., sont d’accord sur les voies de la refondation : ouverture de l’école sur le monde tel qu’il est ; projets communs entre l’école et les partenaires éducatifs ; reconnaissance de tous les parents comme des partenaires indispensables et respectés ; passage d’une pédagogie frontale, dans laquelle l’élève reçoit passivement le savoir, à des pédagogies participatives et coopératives ; formation des enseignants à la complexité d’un métier qui ne suppose pas seulement d’être compétent dans une discipline. Mais tout cela nécessite aussi de solides engagements :

– engagement de l’Éducation Nationale, donc de la nation.
La loi actuellement en débat au Parlement dit la nécessaire acquisition par tous d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Mais quel sera l’engagement pris pour que tous, sans exception, acquièrent ce socle commun ? Comment ce socle commun peut-il devenir ce que la nation doit à chacun de ses enfants, et non être réduit à un niveau auquel certains parviendront et d’autres pas ?

– engagement des enseignants.
Dès la formation initiale, un jeune qui se destine à devenir professeur doit savoir que des convictions partagées par le plus grand nombre sont à la base de son futur métier. Convictions telles que : tout enfant est capable d’apprendre ; tout enfant a le droit d’accéder à un savoir émancipatoire ; enseigner nécessite un travail sur soi, une transformation de son regard sur l’élève et sur ses parents. C’est à l’Éducation Nationale de donner aux enseignants les moyens d’analyser leurs pratiques quotidiennes tout au long de leur carrière pour que ces convictions les animent.

– engagement des parents. Les fédérations de parents l’affirment à juste titre : l’école est celle de tous, sans discrimination. Ce sera vrai par une action concertée, volontariste, des parents dans un partenariat avec les enseignants pour une école qui n’exclut pas.
La loi doit dire clairement les bases de la refondation, et ne pas être juste une liste d’orientations techniques. Souhaitons que les allers-retours entre l’Assemblée Nationale et le Sénat le permettent. La loi doit ouvrir vers un avenir.

D’ores et déjà, si l’on veut regarder l’avenir de l’école, il suffit d’aller voir du côté des établissements ZEP ou ECLAIR, des SEGPA2, de certaines sections de lycée professionnel. Loin d’être la marge redoutée de l’école, ce sont souvent des lieux très créatifs au plan pédagogique. Beaucoup d’enseignants qui y exercent sont clairement engagés pour la réussite de tous, mais dans les limites contraignantes du système éducatif actuel. L’avenir est aussi à observer dans les nombreuses expérimentations qui ont fait leurs preuves (pensons à certains courants pédagogiques), mais dont notre système éducatif ne tire pas de connaissances nouvelles.
Engageons-nous pour que la refondation de l’école soit une promesse d’avenir pour tous.

Régis Félix, Réseau École du Mouvement ATD Quart Monde

Un amendement gagné pour la loi sur l’école

Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat vient d’adopter un nouvel article 3 qui donne les principes de l’éducation, article qui avait été malencontreusement supprimé lors des débats à l’Assemblée Nationale (voir « Le Sénat redonne les vraies priorités pour l’Ecole »)
Cet article rappelle en substance que l’école concrétise l’engagement de la nation envers tous les jeunes afin de leur assurer une citoyenneté pleine et entière et une intégration sociale et professionnelle réussie. Pour cela, l’école est commune à tous jusqu’à la fin du collège. La certitude que tout enfant est capable d’apprendre y sera affirmée et mise en œuvre. Pour garantir la réussite de tous, l’école se construit avec la participation de tous, y compris des parents, quelle que soit leur origine sociale. Elle s’enrichira et se confortera par le dialogue et la coopération entre tous ses acteurs : parents, jeunes et enfants, enseignants, acteurs éducatifs. Ce dialogue et cette coopération, pratiqués entre autres à l’intérieur de la classe entre les élèves, est facteur de réussite pour tous et préfigure dans l’école le climat de paix nécessaire à notre société. La coopération sera encouragée et préconisée dans la formation des enseignants.

Contactez-nous et nous vous communiquerons le texte complet de l’article 3 et le cahier Construire ensemble l’école de la réussite de tous : Secrétariat École, ATD Quart Monde, 33 rue Bergère, 75009 Paris, 01 42 46 81 95 ou secretariat.ecole@atd-quartmonde.org