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Un stage pour chaque élève

Le groupe ATD Quart Monde de Toulouse a créé il y a trois ans « Action Stages », un partenariat entre le rectorat, les acteurs de terrains et des élus locaux. L’objectif : aider les jeunes en ayant le plus besoin à trouver les stages indispensables à la validation de leur formation.Youssoufrecadre_350-8d37b« Pas de stage, pas de diplôme ! » : cette réalité concerne tous les élèves engagés dans des cursus technologiques (CAP, Bac Pro) et frappe évidemment beaucoup plus durement ceux qui n’ont pas les réseaux nécessaires. En effet, ces élèves doivent trouver des entreprises prêtes à les accueillir en stage durant 22 semaines réparties sur trois ans. Une mission quasi impossible lorsque l’on n’a pas de contacts dans le monde de l’entreprise. Bien souvent, ces jeunes se retrouvent avec un stage ne correspondant pas à leur filière, voire même avec aucun stage.

Carnets d’adresses

C’est en partant de cette constatation que Frédérique Pasturel, membre du groupe ATD Quart Monde de Toulouse(1), décide d’agir. Elle met d’abord en place un partenariat avec les équipes éducatives (proviseurs de lycée professionnels, professeurs) afin que ces derniers sollicitent leurs propres carnets d’adresses en priorité pour les élèves les plus en difficulté. Au fur et à mesure, un groupe se forme autour de ce projet. Les premières démarches sont difficiles : « Nous avons eu beaucoup de refus d’employeurs, parce que eux aussi sont souvent en grande difficulté. Nous devions prendre cela en compte dans ce partenariat », explique Frédérique. Mais finalement, les premières portes s’ouvrent. Des élus locaux soutiennent le projet. Et les premiers jeunes décrochent leurs stages.

En stage chez Airbus

Ereck est l’un d’eux. Grâce à « Action stages », il a effectué un stage chez Airbus. « Depuis que je suis tout petit, je rêve de voler ! », explique-t-il. Ce stage lui a beaucoup appris. Il n’aurait jamais pensé pouvoir le décrocher : « Je suis Turc. Avec les problèmes de langues, c’était difficile, mais mon prof m’a aidé. Il savait que je m’intéressais aux avions et il a pensé à Airbus. » Ce stage a motivé Ereck plus que jamais. Alors qu’il y a quelque temps, il pensait retourner en Turquie, il a finalement décidé de rester en France. Après son CAP, il veut s’inscrire en Bac Pro et continuer sur cette route pour parvenir un jour à son rêve. « Faire un stage à Airbus, ça apporte beaucoup sur mon CV, argumente-t-il. Maintenant, je peux faire plus de choses. »

Des obstacles nombreux

Ces problèmes qu’Ereck a rencontrés pour décrocher son premier stage, Mme O., proviseur de lycée professionnel, les connaît bien. C’est pourquoi, quand Frédérique Pasturel a fait une offre de service il y a trois ans, elle a rejoint le projet immédiatement. « Il y a une vraie problématique pour les élèves de CAP, dit-elle. Ils doivent trouver huit semaines de stage par an. Quand vous avez 500 élèves qui cherchent en même temps, même à Toulouse qui est une grande ville, c’est compliqué ! » Ce sont normalement les élèves qui doivent chercher eux-mêmes leurs stages, mais c’est de la responsabilité des établissements qu’ils en trouvent un. Et de nombreux obstacles compliquent cette quête, explique Mme O. : « la fermeture des petites entreprises, les familles de stagiaires qui n’ont pas de carnet d’adresses, celles qui ne sont pas francophones, qui n’ont pas de moyens de transports, l’accent de certains jeunes… »

Un problème méconnu

Pourtant, elle ne blâme pas les employeurs, car ils prennent déjà de nombreux stagiaires. À ses yeux, la principale difficulté est que ce problème de recherche de stage est le plus souvent méconnu. Elle constate que plus les entreprises en prennent conscience, plus elles proposent de stages. Une analyse que rejoint Mr Dariès, responsable des services techniques au syndicat intercommunal, qui a accueilli Youssouf en stage. « ATD Quart Monde m’a contacté grâce à une connaissance commune, raconte-t-il. J’ai accepté d’accueillir un jeune en stage parce que sa formation correspondait à mon service, mais aussi parce que je connais le problème. Je sais à quel point il est difficile, pour un jeune de couleur en particulier, de trouver un stage. » Le stage de Youssouf s’est très bien passé. M. Dariès est prêt à recevoir un autre jeune envoyé par « Action stages ».

Contact : frederiquepasturel@gmx.fr

Myriam Morzelle

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