Entrez votre recherche ci-dessous :

Ne pas rester seul face à l’échec scolaire

Jean-Yves Millot habite à Dole dans le Jura. Il est enseignant en maternelle et formateur de professeurs des écoles. Il y a cinq ans, il a créé avec d’autres collègues un réseau d’échange sur l’école.

Quel est l’objectif de ce réseau ?

Il propose une rencontre tous les deux mois. L’objectif est de permettre aux enseignants de dire comment ils font face à la grande précarité que vivent certains de leurs élèves et leurs familles. Depuis 10-15 ans, celle-ci touche toutes les écoles d’ici car la situation de nombreuses familles s’est dégradée et parce que l’on a créé des logements sociaux dans plusieurs villages. Au début, nous étions cinq-six enseignants à chaque rencontre. Nous sommes maintenant une douzaine.

Comment vos rencontres se déroulent-elles ?

Nous échangeons sur nos pratiques, sur les relations que nous avons avec les parents, sur ce qui permettrait de faire mieux réussir tous les élèves. Nous ne cherchons pas à apporter des réponses, mais d’abord à être un lieu d’écoute et de partage, ce qui existe très peu dans l’Éducation nationale – alors que d’autres professionnels comme les travailleurs sociaux ont des temps réguliers de supervision et d’échange.

Vous invitez également des intervenants extérieurs ?

Nous avons par exemple reçu une agente du service de tutelle de l’UDAF qui nous a expliqué que les allocations familiales étant versées le 8 du mois, il ne fallait pas s’étonner si, lorsque nous distribuions aux familles des bulletins d’inscription pour une activité, les parents ne nous les retournaient que vers le 10 du mois suivant. Une autre fois, une personne est venue nous expliquer ce que vivait une famille dans un logement insalubre. Nous n’en avions aucune idée.

Quels fruits ces rencontres produisent-elles ?

Un autre regard sur ce que vivent des familles en grande précarité. Nous avons des attentes identiques pour tous les élèves et c’est normal. Mais il faut savoir les décliner en exigences différentes selon les enfants. Les enseignants ne sont pas suffisamment formés à la connaissance des publics, à la gestion d’une classe, à tout ce qui se situe autour de la pédagogie. Les échanges que nous avons dans notre réseau aident à combler certains manques. Cela devrait exister partout.

Propos recueillis par Jean-Christophe Sarrot