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Les troubles psychiques, handicap invisible « Les familles doivent sortir de l’isolement »

Bruno Voyer est administrateur en charge de la précarité et du logement à l’Unafam, association qui soutient les familles confrontées aux troubles psychiques d’un des leurs.

Qu’est-ce qu’un trouble psychique ?

Alors que le handicap mental se manifeste par une déficience intellectuelle stable et durable, le trouble psychique, lui, est chronique, variable et imprévisible. Il est caractérisé par des troubles du jugement et de la pensée qui nécessitent le plus souvent une prise de médicaments en même temps qu’un accompagnement social.

Les troubles psychiques ne sont pas des cas isolés…

En effet. En France, ils touchent plus de 6% de la population et une famille sur quatre au moins une fois dans sa vie. Ils sont la première cause d’invalidité et la seconde cause d’arrêt de travail. 10% des hommes et 20% des femmes connaissent une profonde dépression au moins une fois dans leur vie. Et, avec la crise actuelle, la pression économique et le « tu dois réussir par toi-même » augmentent le stress, l’angoisse, le mal être, et accentuent encore ces troubles.

Et pourtant, les familles ont tendance à s’isoler…

Oui, quelque soit le milieu social, la famille s’enferme au début dans un profond silence et dans l’isolement. Son premier réflexe est de se protéger et de protéger la personne confrontée à un handicap dont elle ne connaît pas l’origine.

Pourquoi de nombreux malades ne se soignent-ils pas ?

C’est le « déni de la maladie » qui empêche le soin. Les effets secondaires des médicaments ne sont pas neutres non plus dans la décision de ne pas suivre un traitement. Pour soutenir la personne qui vit ce handicap, sa famille doit conserver des forces. C’est paradoxal à dire, mais il faut qu’elle garde la santé, qu’elle ne « plonge » pas avec la personne dans la maladie. Elle doit franchir le pas de rejoindre des groupes qui connaissent la maladie, dans des associations spécialisées. On ne peut pas demander à la famille de tout savoir et de tout comprendre.

L’unafam parvient-elle à toucher des familles en grande précarité ?

Très peu, mais c’est notre défi aujourd’hui. Si les familles de milieu aisé réussissent souvent à rejoindre des réseaux d’entraide, c’est plus difficile pour celles qui sont confrontées à la pauvreté et à la stigmatisation. Pourtant, ces réseaux d’entraide apportent un soutien formidable, à la hauteur de la souffrance rencontrée. Lorsqu’une famille contacte l’Unafam, elle n’a pas besoin d’expliquer sa situation en long et en large. Les différences de milieux sociaux ne créent pas d’obstacle pour communiquer, car ce qui est commun – la lutte contre la maladie – est beaucoup plus fort. La personne souffrante peut aussi trouver du soutien auprès d’un groupe d’entraide mutuelle (GEM), où elle partagera des projets et des activités avec d’autres, chacun à son rythme et de façon ouverte sur l’extérieur.

Propos recueillis par Jean-Christophe Sarrot

→ À lire : le guide de l’Unafam à l’intention des familles : www.unafam.org et le guide Précarité et santé mentale de la FNARS
→ Service écoute-famille de l’Unafam : 01 42 63 03 03