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Les plus pauvres, partenaires absents des politiques de développement

Des politiques décidées d’en haut et centrées sur des objectifs uniquement quantitatifs ne peuvent s’attaquer durablement à la grande pauvreté.

C’est ce que montre Mme Tepeu, lorsqu’elle témoigne d’une réalité vécue par une multitude de familles dans le monde : la recherche quotidienne d’une vie meilleure pour leurs enfants et pour elles-mêmes, dans un environnement hostile où elles n’ont pas accès aux droits fondamentaux.

Les OMD et les plus pauvres

Jusqu’à présent, la mise en oeuvre des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) n’a pas réellement pris en compte l’expérience des personnes qui vivent dans la grande pauvreté. Il existe un écart inquiétant entre l’ambition des OMD et sa traduction dans le premier objectif, qui vise à diminuer de moitié seulement le nombre de personnes extrêmement pauvres. Le risque est d’aider d’abord les personnes les plus faciles à atteindre, en rejetant les autres dans une exclusion encore plus durable.

Appuyer les OMD sur les droits de l’Homme

Pour que les OMD puissent vraiment atteindre les plus exclus, ils doivent s’appuyer sur une approche basée sur les droits de l’Homme. Louise Arbour, alors Haut Commissaire aux Droits de l’Homme aux Nations Unies, a déclaré : « Les programmes de développement peuvent rarement atteindre tout le monde à la fois, mais une priorité suffisante doit être portée aux plus exclus. Reconsidérer les OMD au regard des droits de l’Homme mérite une réelle analyse. »(1) Cela signifie qu’il faut considérer chaque personne comme possédant des droits indivisibles et comme acteur à part entière dans la société. Mme Tepeu le dit bien : « Nous vous demandons d’avoir toujours en tête que nous sommes des êtres humains, et que, oui, nous avons une valeur. »

Cela signifie en particulier que les progrès de celles et ceux qui font face chaque jour aux plus grandes difficultés doivent être au centre des réflexions. Ils doivent être la mesure du succès des politiques publiques.

Associer les plus exclus

Comme ces personnes sont rarement représentées au niveau politique, comme il leur manque parfois certains documents d’identité tel qu’un certificat de naissance, il est essentiel de développer de nouvelles formes de gouvernance et de participation, au niveau local, national et international. La participation sociale et culturelle de ces personnes directement concernées doit être au coeur des efforts mis en oeuvre dans le cadre des OMD.

Des principes directeurs sur l’application des droits de l’Homme dans la lutte contre l’extrême pauvreté

C’est pourquoi les principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme, dont un projet est actuellement discuté aux Nations Unies à Genève, sont un bon outil pour mettre en rapport les OMD et les droits de l’Homme. Ces Principes directeurs s’appuient sur la participation des plus exclus à la conception, à la mise en oeuvre et à l’évaluation des programmes qui ont un impact sur leurs vies. Ils reposent sur le respect de la dignité de chaque personne, sur la non-discrimination, sur l’indivisibilité et l’effectivité des droits de l’Homme.

Eduardo Simas et Matt Davies, Secrétariat des relations internationales d’Atd Quart Monde