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Juan Carlos Baltazar : « Le plus important pour ma famille, c’est le travail »

Comme de nombreux participants à l’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le Développement lancée par ATD Quart Monde (voir l’article suivant), Juan Carlos Baltazar, membre de la communauté d’Urkupiña en Bolivie, n’avait jamais été associé auparavant à un programme de lutte contre la pauvreté. Il a pris la parole le 27 juin aux Nations Unies et répond à nos questions.

Comment avez-vous rencontré ATD Quart Monde ?

Je suis né à La Paz en 1978. J’ai grandi dans la rue puis j’ai réussi à suivre des cours du soir, que je suis encore actuellement. J’ai deux fils. Ils me donnent la force de tenir. Parfois, je perds l’espoir, mais ils m’apportent toujours l’énergie dont j’ai besoin pour continuer. Maintenant, je milite à ATD Quart Monde, où j’ai appris à écrire et à donner un sens à mon existence. Avant, tout paraissait sans espoir, personne ne me soutenait. À ATD Quart Monde, je peux dire ce que je pense, mes espoirs, mes rêves et même mes revendications.

Pourquoi êtes-vous venu ce 27 juin à New York ?

Quand j’étais jeune, on me prenait en photo, on m’interrogeait sur ma vie mais cela ne changeait rien. Aujourd’hui à New York, j’espère pouvoir apporter mon expérience à d’autres qui connaissent des gens comme moi ou qui vivent dans des situations encore pires que moi.

Quels sont les défis que votre famille doit affronter ?

Ce sont des défis économiques. Chaque matin, je dois me lever très tôt pour travailler et je dois dépenser peu car ce que je gagne ne suffit pas. Des défis sociaux, également. Comme je travaille beaucoup, je n’ai pas le temps de rencontrer mes voisins. Les réunions de quartiers se font sans moi, car elles se font le dimanche et je travaille ce jour-là. Un autre défi pour moi est d’être avec mes enfants. Je reviens à midi leur donner à déjeuner, le soir pour le dîner. Je prépare alors leur petit-déjeuner et repars travailler à quatre heures du matin.

Lequel des huit OMD est le plus important pour votre famille ?

Ce qui concerne le travail. Sans travail, je n’ai pas de revenu, je ne peux pas offrir une bonne éducation à mes enfants, je ne peux pas bien les nourrir, les habiller.

Avant de participer à ce travail d’élaboration de propositions pour l’après 2015, vous sentiez-vous pris en considération par le programme des OMD ?

Non, parce que personne ne m’a jamais parlé de ces objectifs et j’ignorais qu’il existait des programmes de lutte contre la pauvreté. Je ne me suis pas senti inclus dans ces programmes car je n’avais pas de papiers d’identité, je ne pouvais participer à rien.

Pourquoi votre voix doit-elle être entendue dans ce travail d’élaboration de propositions pour l’après 2015 ?

Parce que beaucoup de personnes sont comme moi, sans papiers d’identité, sans travail, à se battre au jour le jour pour survivre. L’expérience que nous vivons peut apporter beaucoup aux débats. Nous pouvons dire quels objectifs ont marché. Ma voix doit aussi être entendue car je suis une personne parmi toutes celles qui vivent dans une pauvreté extrême et ne sont jamais entendues, dont on ignore même l’existence.

→ Retrouvez Juan Carlos Baltazar en vidéo ici

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La rencontre du 25-27 juin à New York a été possible grâce au soutien des missions permanentes de France, du Pérou et des Philippines aux Nations Unies, de la Fondation Friedrich-Ebert, du Service de liaison des Nations Unies avec les organisations non gouvernementales (SLNG), de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), de l’Institute of Development Studies (IDS), de la Confédération Syndicale Internationale (CSI), de Social Watch et de la Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme.