
Quand le « parcours de soins » devient parcours du combattant
Hervé Quenton vient de terminer ses études de médecine à Nancy. Il prépare une thèse sur l’accès aux soins des personnes défavorisées. Il a commencé à étudier 230 « fiches Wresinski » collectées entre 2007 et 2009.
Que contiennent ces fiches ?
Ces « fiches de faits Wresinski » décrivent des faits positifs ou négatifs concernant la santé et les soins, recueillis sur le terrain, principalement en Lorraine mais aussi ailleurs. Plusieurs de ces fiches sont issues de « groupes de paroles » animés régulièrement par Atd Quart Monde [1].
Quels premiers constats apparaissent ?
La loi de 2004 a institué un « parcours de soins » destiné à coordonner les soins apportés à la personne malade. Ce parcours rend encore un peu plus compliqué le parcours du combattant en ajoutant de nouvelles démarches, notamment administratives. Et les personnes en situation de précarité sont, par manque d’accompagnement, plus sensibles que les autres aux difficultés administratives et à leurs conséquences (démarches supplémentaires, difficultés de remboursements…). Ce qui ressort aussi beaucoup de ces fiches, ce sont les différences de qualité d’accueil d’une situation à une autre. Les personnes en difficulté demandent plus de temps et plus d’énergie. Le rapport est autre. Il y a plus de méfiance car les gens ont peur. La relation médecin-patient est fondamentale, mais on est peu formé à cela au cours des études de médecine. On constate aussi que les gens renoncent fréquemment aux soins buccodentaires. Pourtant, les conséquences sont graves sur l’état de santé général de la personne, et cela n’est pas assez dit.
Propos recueillis par ML Vannier et JC Sarrot