
Dans le 19e arrondissement à Paris : « permettre aux gens de se côtoyer »
Les habitants d’un quartier s’engagent au quotidien pour transformer les relations entre voisins.
Les numéros 20, 26 et 32 de la rue du Maroc et 27 de la rue de Tanger à Paris rassemblent 120 familles originaires du Maghreb, d’Afrique noire, de France, du Pakistan, d’Inde, de Chine et d’autres pays encore. Satankoulé Diaby habite ici depuis 1993 et est « adulte relais » depuis mai 2012. « Avant, explique-t-elle, un événement sans importance pouvait devenir grave, juste parce que les gens ne se faisaient pas confiance. Entre différentes cultures, on ne se comprend pas toujours. » « Avant », c’était avant la naissance de l’association « Vivre ensemble à Maroc-Tanger » démarrée en 2001 avec le soutien de ASMAE (1)
La violence , c’est :
– ne pas comprendre la langue et la culture de l’autre,
– ne pas avoir d’occasions de rencontres,
– que les enfants voient leurs parents se disputer avec d’autres.
Le local de l’association, prêté par le bailleur RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris), est au rez-de-chaussée du numéro 26. La porte est ouverte toute la journée et tout le monde se dit bonjour, petits ou grands. Solange Veyre est gardienne ici depuis la construction des bâtiments, il y a 22 ans, et présidente de l’association. Celle-ci, explique-t-elle, a été créée pour « permettre aux gens de se côtoyer. Avant, il y avait des dégradations. Les locataires ne se parlaient pas. On a démarré avec un jardin partagé. » « Il y a peu d’espaces verts dans le quartier, et les gens ne supportaient pas que les enfants jouent dans la cour, ajoute Satankoulé. Ils criaient sur eux, jusqu’à devenir violents. » Depuis, l’association a obtenu que les enfants puissent jouer dans une cour et cela se passe bien. Elle propose des ateliers cuisine, couture, jardin, alphabétisation, des sorties culturelles, des vide-greniers, des groupes de parole, etc. Tout est mis en oeuvre par les locataires eux-mêmes. Chaque troisième dimanche du mois, 20, 30 ou 40 mamans déjeunent au local de l’association ou chez l’une d’elles. Awa, 15 ans, participe avec d’autres jeunes au soutien scolaire.
La paix , c’est :
– se connaître depuis longtemps (Solange travaille ici depuis 22 ans),
– avoir un local ouvert et accueillant,
– proposer soi-même des activités aux autres.
« Les habitants comprennent que ce que l’on fait, c’est avec eux, explique Solange. Les enfants et les jeunes savent que les parents se connaissent et se parlent. Ils font plus attention. » Elle a vu grandir la plupart. Et les résultats scolaires progressent depuis 10 ans.
JCS
Photo : pour Solange (à gauche et Satankoulé à droite), des associations comme « Vivre ensemble à Maroc-Tanger » devraient aussi exister ailleurs : « Je reviens d’une réunion avec d’autres gardiens. Ils ne vivent pas la même chose que nous. Il n’y a pas de fête des voisins dans leur immeuble… » (ph. JC Sarrot)