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Mme Tepeu : « Oui, nous avons une valeur »

Mme Tepeu a témoigné à New York lors de la campagne des Nations Unies pour les OMD.

« Je m’appelle Lorena Tepeu et j’habite le quartier de Piedra Santa, Zone 3, à Ciudad Guatemala. Je suis veuve et mère de cinq enfants. Le rêve de mon mari était que mes enfants étudient, qu’ils aient un avenir meilleur, et bien qu’il ne soit plus là, le rêve reste le même.

Sra.Lorena_Tepeu250-3d755Dans ma communauté, il y a beaucoup de mères qui, comme moi, élèvent seules leurs enfants, et parfois c’est très dur, parce qu’on n’y arrive pas, avec tout ce qu’on a à faire. On doit très souvent prendre à un de nos enfants ce qu’il a pour le donner à un autre enfant, mais jamais on ne perd l’espoir.

Je travaille comme trieuse. Ce travail consiste à sélectionner dans les ordures qu’on jette dans la décharge de la Zone 3 tout ce qui peut se vendre pour être ensuite recyclé. On travaille de lundi à samedi, de 9 heures du matin à 7 heures du soir. C’est un travail dur (…) et parfois on court des risques, comme l’accident du mois passé. Le résultat de cet accident est que les épouses de deux assistants de camion avec quatre et deux enfants se sont retrouvées veuves suite à un éboulement. (…) Le pire est que l’administration de la décharge n’a pas donné l’autorisation de creuser pour sortir les corps. Autant dire que ces hommes sont restés là, au milieu des ordures.

Mais malgré tout, ce n’est pas un travail où je me sens diminuée. Beaucoup de gens qui ne savent pas ce que c’est et n’y connaissent rien croient que ce n’est pas un travail, ni quelque chose d’honorable. C’est pour cela que nous vous demandons d’avoir toujours en tête que nous sommes des êtres humains, et que, oui, nous avons une valeur.

Je continue à travailler pour l’avenir de mes enfants, pour qu’ils aient un lieu où vivre, un lieu d’où personne ne puisse les chasser, et, en plus, je lutte pour leur santé et pour leur donner une éducation. »

(Traduit par Bruno Couder).