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« Nous avons cherché des exemples positifs de participation »

Laurent Ganau, volontaire permanent du Mouvement ATD Quart Monde, a mené le projet du webdoc « Ceux qu’on n’entend pas » et a réalisé plusieurs films pour celui-ci.

Pourquoi ce « webdoc » ?

Lors d’un colloque international en 2009, un haut fonctionnaire de la Banque Mondiale a dit son étonnement devant la manière dont des personnes très pauvres parvenaient à prendre la parole en leur nom et au nom d’autres : « Nous, hauts fonctionnaires, nous ignorons cela. Il faut le montrer à tous. Cela nous interpellera dans nos façons de faire. »

Comment avez-vous travaillé ?

On ne peut tout montrer dans un seul film. Nous avons donc pensé réaliser un DVD comprenant différents reportages. Mais il aurait fallu attendre deux ou trois ans avant que tous ne soient prêts. Nous avons alors décidé de réaliser ce webdoc, qui nous permet d’intégrer au fur et à mesure de nouveaux films et qui permet aussi davantage d’interactivité avec le public.

La participation des citoyens n’est-elle pas reconnue dans tous les pays ?

Elle est souvent reconnue par la loi, mais elle est loin d’être effective. Quant à la prise en compte de la parole des plus pauvres dans le débat public et au niveau politique, elle est très rare. Dans la plupart des pays, les personnes connaissant la pauvreté sont considérées comme inutiles, sinon coûteuses, voire dangereuses. Nous sommes donc allés chercher des exemples positifs de leur participation à la vie associative, à la démocratie locale, à l’économie, aux décisions politiques… Nous avons cherché à comprendre comment, du côté des très pauvres et du côté des institutions et des décideurs, une relation de confiance et de partenariat s’était construite et avait mené à de vraies transformations.

Comment une telle relation se contruit-elle ?

Elle part toujours d’une rencontre entre des personnes. Elle demande du temps, de l’écoute, de la confiance, de l’engagement. Cela nécessite de trouver d’autres rythmes, d’autres façons d’organiser le travail des institutions, des ONG1, des services publics, etc. Cela signifie aussi d’autres attitudes, que chacun soit prêt à changer vraiment (soi et pas seulement « les autres »)…

Parfois, c’est un événement qui « accélère » la participation…

Oui, une nécessité impérative qui crée « l’étincelle de l’engagement », comme on le voit dans le film tourné à Dakar qui porte ce titre. Dans un quartier, la montée des eaux depuis 2005 a déclenché une organisation bénévole et collective des jeunes, qui ont ensuite été soutenus par la mairie. Ils étaient obligés de s’appuyer les uns sur les autres. Car si les uns avaient continué de construire des barrages pour retenir les eaux dans certaines rues pendant que les autres continuaient de creuser des canaux pour que les eaux s’écoulent dans d’autres rues, ils n’auraient pas pu maîtriser les inondations.

Propos recueillis par Jean-Christophe Sarrot

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