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Mme Zarraoui : « Les gens sont confrontés à des barrières »

Article publié dans le journal Résistances 2013 (sept-oct. 2013)

Mme Zarraoui habite en Seine-Saint-Denis. Elle a connu l’expérience de la pauvreté et aussi de la solidarité avec des personnes confrontées à de grandes difficultés.

« On grandit par le respect de soi, le positif et la réussite » , dit cette femme à l’esprit battant. Mais elle estime que des traitements différenciés visent des personnes selon la couleur de leur peau, leur religion, leur quartier de résidence et aussi leur situation de pauvreté. « Si l’on vient d’un milieu modeste, dit-elle, un employeur peut avoir peur de vous recruter. Si l’on est depuis longtemps au chômage, on ne correspond plus aux normes de l’entreprise. Si on a une façon de parler différente, on a moins de chance d’être écouté et considéré. On a parfois aussi le sentiment que ceux « qui ont une belle tête » sont favorisés. » Elle ajoute que « ceux qui perçoivent un petit salaire ou des minimas sociaux sont discriminés pour l’accès au logement social. Pour lutter contre les discriminations, il faudrait instaurer la mixité sociale dans le logement. »

« Les gens du bas de l’échelle sont confrontés à des barrières , explique-t-elle, surtout lorsqu’un aléa de la vie survient : perte d’un emploi, décès d’un proche, maladie, handicap… Les dossiers à remplir pour accéder à ses droits (demander le RSA, un logement social…) sont très compliqués. Ces barrières à l’emploi, au logement, etc., touchent bien sûr des ménages très pauvres, mais aussi ceux qui subissent de nouvelles formes de précarité (les travailleurs pauvres, de petits propriétaires endettés…). Et la pauvreté « se gangrénise », s’installe dans le temps. »

« Lorsque des parents sont convoqués par l’aide sociale à l’enfance, poursuit-elle, leurs interlocuteurs ne cherchent pas toujours à les écouter. Ils peuvent montrer du doigt sans comprendre le parcours de la famille. Dans ce type de situation aussi, on peut ressentir une forme de discrimination. J’ai le sentiment que les politiques ne connaissent pas les besoins des gens, leurs réalités de vie. Il ne suffit pas d’avoir fait des études pour diriger un pays. Il faut aussi mieux connaître ce que les plus pauvres subissent et comprendre qu’ils ne demandent pas à être assistés, mais à être reconnus. Il faut diversifier les élites, élire des parlementaires de tous âges et de tous milieux. »
« Il faut exprimer de la considération pour les personnes, conclut-elle, dialoguer avec elles, les aider à retrouver l’estime d’elles-mêmes. Cela commence par l’écoute de l’autre. »

Fabrice Molliex, Secours Catholique – Caritas France