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L’Université populaire Quart Monde, un lieu où l’expérience de chacun est reconnue

L’Université populaire Quart Monde a été créée en 1972 à Paris par Joseph Wresinski. Elle existe aujourd’hui dans dix régions en France et une dizaine d’autres pays.Grâce à elle, les plus pauvres, réputés ignorants, deviennent source de savoir. Elle leur permet de se rassembler, de s’exprimer et de réfléchir ensemble et avec d’autres sur des thèmes précis, préparés auparavant en réunions de quartiers.

Université Populaire IDF

Vivre en miniature

« On peut se révolter quand on est à plusieurs, explique Mme Caron, membre de l’université populaire (1). Mais quand on est toute seule dans son coin, on ne peut pas se révolter… on a l’impression d’être… miniature. »

Le travail réalisé par le Mouvement ATD Quart Monde en 2009-2011 dans 25 pays sur le thème « La misère est violence. Rompre le silence. Chercher la paix », a montré que la misère et l’exclusion sociale créaient une violence qui réduisait les gens au silence et niait leurs souffrances. Lors de ce travail, un homme du Pérou a dit qu’avec les pauvres, « on normalise la maltraitance, on normalise l’humiliation. Lorsque la situation en arrive à la pauvreté extrême, l’humiliation est admise comme quelque chose de normal, autant par le pauvre que par le puissant. »

Dépasser la violence

« La violence, c’est la façon dont on nous traite tous les jours, confirme Mme Lelièvre. La violence est comme le handicap, parce qu’au premier abord, on ne la voit pas ; et pourtant on la subit tous les jours. »

Pour dépasser cette violence et ce silence vécus au quotidien mais ignorés, il faut trouver un lieu où il est possible de prendre du recul et de s’exprimer, où l’expérience de chacun est reconnue. C’est tout le défi de l’Université populaire Quart Monde : permettre aux personnes en situation de précarité d’analyser leur vie et leur expérience et de les confronter à d’autres.

Des conditions exigeantes

Pour cela, il faut du temps, du travail, un engagement important. Les conditions de mise en oeuvre sont très précises.
Parmi ces conditions, il y a la nécessité d’aller vers les plus exclus. « Je ne suis pas venu à l’université populaire, disent certains, c’est elle qui est venue à moi. »

Il y a aussi l’engagement au changement : les membres s’engagent à prendre au sérieux ce qui est dit lors de ces rencontres et à agir en conséquence.
Une autre condition est la reconnaissance inconditionnelle de la parole et de la dignité de l’autre, sans attendre qu’il « fasse ses preuves. » C’est cette inconditionnalité qui permet de dépasser les barrières. « Je vis, maintenant, je ne suis plus comme avant, explique M. Lemaître. On me respecte comme je suis. Le sentiment de vivre, c’est d’être reconnu par notre société. Si on n’a pas de reconnaissance, on ne vit pas. C’est ça : s’approprier. S’approprier sa vie, ce n’est pas facile, mais j’y suis arrivé. »

Lorsque l’ensemble des conditions est réuni, l’Université populaire Quart Monde peut produire des savoirs capables de transformer chacun et, au bout du compte, la société.

JCS

À l’université populaire, on reconnaît le courage des gens

« Je connais pas mal d’associations en France, mais il manque un peu de communication, le courant ne passe pas, tout le monde est fermé, on est enfermé, on ne peut pas s’expliquer. Les gens ne savent pas pourquoi on est là, ce dont on a besoin, ce que sont nos valeurs, notre courage, notre dignité. C’est vrai qu’ils donnent du déjeuner le matin, de la nourriture, du savon, du dentifrice, mais [comme à l’université populaire] il faut qu’il y ait des communications, que des gens demandent pourquoi c’est arrivé là ? Il faut quelqu’un qui essaie de donner du courage. » (M. Koulibali, membre d’une Université populaire Quart Monde)

→ À lire pour en savoir plus : L’Université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire, de Geneviève Defraigne Tardieu.
« Productrice de nouveaux rapports sociaux, l’Université populaire Quart Monde suscite des alliances nouvelles pour des revendications sociales, l’engagement citoyen et de nouvelles pratiques professionnelles. Un livre important qui intéresse les acteurs et les penseurs de l’éducation populaire, mais aussi celles et ceux qui s’interrogent sur la place de la connaissance, sur les rapports entre connaissance, société, pouvoir et action, sur l’éducation, sur le rôle de l’université, sur la place de la recherche dans la société. » (Revue internationale de l’économie sociale, janvier 2013)
À lire sur www.atd-quartmonde.fr ou à commander sur www.editionsquartmonde.org

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