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Changer le collège, c’est possible

Le collège Évariste Galois à Nanterre connaît parfois des journées difficiles tant il subit les contrecoups de ce qui se vit dans le quartier, classé en zone d’éducation prioritaire. Mais ses professeurs ont décidé d’agir contre le cercle vicieux de la violence et de l’échec scolaire. Cécile Capdepon, qui y enseigne les mathématiques, répond à nos questions.

Qu’avez-vous mis sur pied ?

Depuis deux ans, nous proposons à tous les élèves de 4ème de participer à un projet pédagogique (comme celui qui est présenté sur http://bit.ly/obM9VE) auquel ils consacrent deux heures par semaine tout au long de l’année. Les objectifs sont de travailler autrement les différentes matières au programme, de développer l’autonomie et l’entraide, de découvrir le monde qui nous entoure et de vivre des moments forts ensemble. Nous constituons des groupes de travail de trois élèves en faisant en sorte que chacun ait une tâche précise et valorisante.

Quels résultats constatez-vous ?

On voit chaque élève se révéler à un moment ou à un autre. Chacun se découvre des intérêts nouveaux pour certaines matières. On constate aussi que les élèves les plus durs ne vont plus jusqu’à mettre une pagaille complète dans la classe. Les élèves de 3ème sont plus respectueux dans les cours et les couloirs. Un certain nombre d’entre eux viennent régulièrement nous saluer, nous exposer leurs problèmes ou joies de la journée. On sent chez eux un fort désir d’apprendre et de l’enthousiasme.

Qu’en pensent les parents ?

L’avantage de ces projets est aussi d’impliquer les parents. Ils participent à plusieurs réunions dans l’année pour préparer les projets. Quand les élèves savent que nous connaissons leurs parents, ils surveillent davantage leur comportement. Des parents m’ont dit leur espoir que leurs enfants ne vivent pas dans un monde violent. Ils sont enthousiastes de voir que, grâce aux projets, les enfants découvrent d’autres lieux, d’autres modes de vie, etc.

D’où vient ce dynamisme des enseignants ?

C’est un peu l’esprit du collège. Nous sommes des jeunes professeurs et nous avons envie de travailler ensemble. Cet esprit est aussi un atout pour chaque nouvel enseignant. Il n’a plus à se « faire son trou » pendant plusieurs mois. Grâce aux projets, il s’intègre tout de suite. Et comme, chaque année, de nouveaux professeurs intègrent ces projets, on espère qu’ils continueront encore longtemps !

Propos recueillis par Jean-Christophe Sarrot

« Les élèves sont plus proches de nous. Ils voient que nous travaillons ensemble. Ils savent que s’ils perturbent un cours, leurs autres professeurs seront au courant et leur en parleront. Les séjours nous permettent de découvrir un peu de leur monde et d’avoir d’autres relations avec eux. Quand j’aide dix fois un élève à remonter sur ses skis, il me regarde ensuite autrement ! » (Cécile Capdepon)