Catherine Théot : « être citoyens solidaires »
À l’occasion de la 26e Journée mondiale du refus de la misère, une alliée du Mouvement ATD Quart Monde dans le Val d’Oise a récemment témoigné de son engagement. « Il y a deux ans, la ville où j’habite, en partenariat avec ATD Quart Monde et des familles du voyage qui vivent dans la commune depuis plus de 30 ans, a proposé trois journées d’exposition clôturées par un concert. Ainsi, sous le signe du respect et de la connaissance, des habitants en invitaient d’autres à les rencontrer. Aujourd’hui, la citoyenneté, pour moi qui n’ai pas la vie difficile, c’est tout faire pour favoriser les liens et un changement de regard entre les familles manouches (du voyage) et les autres habitants ou acteurs de la ville. C’est dire du bien, écouter dire du bien, m’en faire l’écho.
Dire du bien, c’est témoigner de ce que j’ai vu et entendu chez ces familles :
– l’ambition d’une maman qui veut que sa fille réussisse sa scolarité au collège, et même plus loin,
– l’accueil bienveillant d’une femme qui a remarqué que je suis fatiguée,
les qualités artistiques d’un jeune et son goût pour le dessin,
– la détermination d’un jeune papa qui veut une vie digne pour sa famille et demande l’accès à l’eau.
Dire du bien, lorsque j’entends : « Les Gadjé (appellation utilisée par les gens du voyage pour désigner les sédentaires) ne nous aiment pas », c’est témoigner:
– de la sympathie et de l’estime d’un commerçant heureux d’avoir fait crédit et qui a été payé au terme promis : « On peut faire confiance »,
– de la bienveillance et de l’admiration d’une dentiste qui a vu des familles prendre davantage soin de leur santé, qui estime que la CMU (couverture Maladie Universelle) a changé le rapport à la santé, a permis de se l’approprier,
– de l’indignation d’un professeur apprenant comment une enfant du voyage a subi insultes et menaces, et qui exprime quelle angoisse et quelle colère elle éprouverait pour sa propre fille dans une telle situation,
– de l’étonnement d’un voisin qui apprend que certaines familles n’ont pas l’eau sur leur terrain et qui dit : « Tout le monde a le droit de vivre en paix. »
En retour, entendre dire du bien fait passer de la colère à l’espoir que cela change. On ne peut dire que tout va pour le mieux, mais que, dans ce monde dur qui morcelle et exclut, confiance et estime peuvent grandir. Dans la société, tous ont à y gagner.
Que chacun ait sa place dans la ville, c’est une longue histoire. Cela passe par « dire du bien. » C’est par là que chacun prend sa place dans le cœur de l’autre et dans son propre cœur. Alors, on peut passer des doutes, du découragement, d’un « tout le monde s’en fout » à des démarches positives. Alors les familles très exclues sont moins isolées. »
Témoignages
« L’esprit du Mouvement ATD Quart Monde correspond bien à mes aspirations, à mon idéal : le respect de la personne. Le mot dignité a pour moi un caractère sacré. J’ai toujours souffert du mépris affiché d’une catégorie de gens envers une autre, de la condescendance des gens d’en haut envers les gens d’en bas. L’esprit d’ATD Quart Monde nous pénètre au fil du temps, change notre regard, et pose question à notre entourage ; j’aime son engagement, son action politique, dans le respect et la non-violence. » (E., allié)
« Je fais aujourd’hui partie du groupe d’alliés de l’Essonne. Nous sommes enseignants, orthophonistes, infirmiers, retraités ou cadres d’entreprise. C’est très transformant d’être en lien avec ATD Quart Monde. Ce que nous apprenons de l’injustice vécue par les très pauvres, de leur combat, de leur pensée, les sessions de formation, Feuille de route…, tout cela nous embarque et nous pousse à devenir acteurs de plus de tolérance. » (I., alliée)
Pour connaître le groupe ATD Quart Monde le plus proche de chez vous : www.atd-quartmonde.fr/En-region ou atd.france@atd-quartmonde.org ou 01 42 46 81 95.
