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Un colloque pour aller plus loin

Les conclusions de cette recherche sont rendues publiques lors d’un colloque international à Pierrelaye (Val d’Oise) et à l’UNESCO à Paris. Dans la perspective de construire la paix pour tous, il s’agit de poursuivre un dialogue entre des personnes aux expériences et savoirs très différents (populations vivant dans des conditions d’extrême pauvreté, universitaires, acteurs sur le terrain, responsables institutionnels…) et d’identifier les moyens de mettre fin aux situations de violence subies par les plus pauvres.

Des suites politiques

Ce colloque représente aussi une étape importante de l’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD 1) entamée par ATD Quart Monde afin de contribuer à proposer une politique globale, cohérente et prospective pour l’après 2015. La grande ambition des OMD – libérer l’humanité de la pauvreté – s’est traduite par des objectifs tels que « réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion de personnes dont le revenu équivaut à moins d’un dollar par jour. » Mais chercher à atteindre une partie seulement d’une population va à l’encontre d’une approche basée sur les droits de l’homme qui inclurait tout le monde. C’est en soi une forme de violence qui décrète dès le départ que certains ne seront jamais atteints. Cela conduit à élaborer des projets destinés aux populations accessibles, sans aller jusqu’aux plus démunis.

C’est d’ailleurs l’un des constats de la recherche-action d’ATD Quart Monde sur la violence et la pauvreté : dans leur ensemble, les politiques menées ne s’enracinent pas dans une consultation significative de personnes vivant dans l’extrême pauvreté. Elles ne sont adaptées ni à leur réalité, ni à leurs espoirs. Elles leur imposent au contraire des dispositifs trompeurs et inefficaces dont l’échec leur sera imputé. La façon dont se passe la reconstruction d’Haïti en est une illustration.

Des prolongements éthiques

Les apports de ce colloque sont aussi éthiques. Il montre en quoi la misère est violence et combien les personnes et familles qui les subissent aspirent à en finir avec l’une et l’autre. Il met en lumière comment elles inventent jour après jour des manières de bâtir la paix, alors qu’elles sont si souvent accusées d’être la cause de la violence. C’est pourquoi le Mouvement ATD Quart Monde cherche comment les fruits de ce travail pourraient être portés à la connaissance du Comité du Prix Nobel de la Paix en charge de décerner ce prix chaque année, afin qu’il puisse le faire en considérant la contribution des plus pauvres de tous les temps et d’aujourd’hui pour préserver et bâtir la paix. Refus de la misère et paix sont totalement liés, comme le sont, dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, la libération « de la terreur » et la libération « de la misère. »

Eugen_Brand2_200-bfc93«Les actions qui ne cherchent pas d’emblée à atteindre tous les enfants, tous les jeunes, toutes les familles d’un lieu donné, contribuent à augmenter la violence régnant dans ce lieu. Les programmes de développement durable qui, dans un pays, ne visent pas prioritairement les situations d’extrême urgence, engendrent encore plus de violence dans l’ensemble du pays. » (Eugen Brand, Délégué général du Mouvement International ATD Quart Monde, en février 2011 lors de la table ronde des Nations Unies sur la violence envers les enfants)

 

La co-responsabilité des médias

Patrick_la_Prairie_recadre_100-c8a27« Le journaliste a bien sûr une responsabilité particulière dans les représentations qu’a la société des personnes vivant la grande pauvreté. Lorsqu’il traite de faits de violence mettant en scène des personnes dans la misère, il se doit de porter au plus haut l’éthique de son métier : le respect. Ce qui suppose capacité d’écoute et grande attention. Mais il ne devra pas se satisfaire de paroles effectivement dites ou de faits vérifiés, il devra agir avec la pleine conscience des effets produits par son message sur les personnes les plus fragiles. Et sur le risque d’amalgame sur l’ensemble d’un groupe humain. » (Patrick La Prairie, ancien journaliste de Ouest-France)

Télécharger les conclusions de ce colloque : Conclusions_Colloque_paix_violence_misere