
L’isolement grandissant de familles en milieu rural : « si demain, on y arrive encore… »
Claude et Christiane sont deux des 30 techniciennes de l’intervention sociale et familiale (TISF) de l’association Aide à Domicile en Milieu Rural (ADMR) du Morbihan. Avec Astrid et Marie-Antoinette, responsables bénévoles dans des associations locales ADMR du département, et Céline, « accompagnante de proximité » à la maison de pays ADMR du Roc-St-André, elles constatent la dégradation de la situation de nombreuses familles.

Les TISF soutiennent les familles en difficulté et les accompagnent dans des tâches liées à la vie quotidienne et à l’éducation des enfants : aide aux devoirs, aux courses, aux démarches administratives, etc. « Notre rôle primordial est de recréer des liens et de redonner confiance », expliquent Claude et Christiane. Elles assistent depuis plusieurs années à une détérioration des conditions de vie de nombreuses familles : « Ce dont elles souffrent le plus, c’est de l’isolement. De plus en plus de familles n’ont pas les moyens d’entretenir une voiture et vivent coupées de la société. Personne ne veut les fréquenter car elles n’ont pas d’argent. » Céline renchérit : « La misère financière est de plus en plus accentuée par une détresse sociale. »
Des actions collectives
L’ADMR, en lien avec les circonscriptions d’action sociale du Conseil Général, propose aussi aux familles des actions collectives : un premier départ en vacances avec d’autres, des sorties familiales, des ateliers d’éveil pour les enfants de 0 à 3 ans… Mais les aides finançant ces actions collectives – fondamentales pour rompre l’isolement – sont bien insuffisantes par rapport aux besoins et se réduisent d’année en année.
Que faut-il faire ?
Que faudrait-il faire pour que les choses s’améliorent ? Claude et Christiane n’hésitent pas une seconde : « D’abord, réévaluer le montant des minima sociaux et des aides. Le niveau du RSA est indécent. Le coût de la vie augmente, mais les aides aux familles en difficulté ne suivent pas. Il est impossible pour elles de prévoir l’avenir. Elles nous disent : « Si demain, on y arrive encore, ça sera déjà pas mal » ». Marie-Antoinette et Astrid estiment qu’il faudrait aussi que le travail soit correctement rémunéré. Elles citent l’exemple de deux parents qui ont chacun un emploi payé au SMIC mais ne peuvent plus faire face aux dépenses de la famille : la nourrice, le loyer, les soins, le remboursement d’un prêt…
Réapprendre à vivre ensemble
Pour Céline, il faut aussi réapprendre la solidarité : « Notre soutien aux familles s’appuie beaucoup sur l’engagement des bénévoles et les liens qu’ils tissent autour d’eux. Mais nous en recrutons de moins en moins. Les gens s’investissent moins dans la vie de leur commune. Il est urgent de réapprendre à être attentifs aux autres et à s’entraider. Et cela commence dès l’école ! »