Entrez votre recherche ci-dessous :

S’engager change notre manière d’être ensemble

S’engager aux côtés d’autres différents de soi, ce n’est pas seulement s’engager pour les autres. C’est aussi apprendre à penser et agir ensemble. C’est changer notre manière d’être ensemble.

Extraits de témoignages du « Forum des engagements contre la misère » des 4-6 mars à Paris et du « Congrès des engagements » des 19-20 mars à Noisy-le-Grand.

Liz (39) : « S’engager, c’est simple, c’est proche de chez nous et c’est aussi très compliqué. C’est compliqué parce qu’on a peur. On veut aider, mais on ne sait pas comment s’y prendre. Il y a des solutions : des gens se mettent ensemble, on peut les rejoindre. Il y a ATD Quart Monde, le MRJC, l’AFEV, Unis-cité… En allant voir « l’autre », on découvre qu’il a, lui aussi, une vraie vision du monde. »

Marianne (13) : « Je vais à ATD Quart Monde pour soutenir les familles, comme moi j’ai été soutenue au début. C’est plus difficile qu’avant, car les familles pauvres ne se montrent pas, elles ont honte de se montrer. Pourtant le Mouvement pourrait les aider moralement sans donner quelque chose en nature. »

Régis (95) : « Aujourd’hui, je me trouve souvent très en décalage par rapport à ce que pensent beaucoup de personnes autour de moi, qui, même quand elles sont engagées dans des actions à caractère « social », pensent qu’il y a des personnes qui ne méritent pas d’accéder ou de rester dans un logement, de poursuivre une scolarité normale, de conserver un travail. »

Thierry (78) : « D’autres sont encore plus miséreux que moi-même qui ne sais pas lire. D’en parler, cela m’a débloqué mais je pense aussi débloquer d’autres dans la même situation. Je continue à me battre avec ATD Quart Monde pour que mes enfants ne vivent pas la même situation que moi. Ils connaissent mon parcours. C’est difficile quand ils me demandent de les aider pour faire leurs devoirs car je ne peux pas. »

Laure (75) : « L’engagement commence par l’aide, mais l’aide peut devenir violente. Parce qu’elle ne répond pas tout à fait au besoin, parce qu’elle fait durer une dépendance, parce qu’elle peut créer des jalousies… Parfois, on parle des gens qu’on aide avec des mots pas justes. Pour moi, une aide redevient positive si elle casse ce système qui enfonce les plus défavorisés. N’a-t-on pas parfois un petit pouvoir sur les autres ? Ne marche-t-on pas parfois sur eux parce qu’on ne réfléchit pas assez notre aide avec tous ? »

Claude (35) : « C’était important et utile de travailler ensemble. Je n’aurais jamais cru bosser avec une juge ; j’en ai été ravi. »

Nicolas (idem) (75) : « Tous les membres du groupe de travail ont expérimenté la difficulté de sortir de l’émotion pour arriver au raisonnement. N’ayant pas l’habitude de travailler avec les militants, la plupart des autres les laissaient présenter leurs difficultés sans se confronter avec eux et sans parvenir à les amener à une réflexion. Penser avec les militants fut une vraie bagarre. Ce qui est très important, c’est le lien physique : se parler en tête à tête. »

Photo: lors du « Forum des engagements contre la misère » organisé par ATD Quart Monde les 4, 5 et 6 mars 2011 à la Cité des Sciences à Paris, le débat « L’engagement, une chance pour tous ? » a permis un riche échange d’expériences et de réflexions (ph. F. Phliponeau).