Comment naît un groupe local Atd Quart Monde
Photo : 17 mai 2009, rencontre des Universités populaires Quart Monde de Rhône-Alpes en Savoie (ph. Yvon Dinahet)
Non loin de Chambéry en Savoie, Bruno Carpentier et deux/trois voisins viennent de
créer un groupe Atd Quart Monde. Témoignage.
« Le déclic s’est produit début 2007. J’avais lu 7 millions de travailleurs pauvres, de Jacques Cotta. Puis, en lisant un livre d’entretiens avec Geneviève de Gaulle et des articles sur Joseph Wresinski, j’ai redécouvert un message que je connaissais déjà : Atd Quart Monde n’est pas un Mouvement caritatif, mais vise vraiment à l’éradication de la pauvreté. À l’occasion du passage à Chambéry, en septembre 2007, des « caravanes de la fraternité » d’Atd Quart Monde, j’ai rencontré Philippe Jauffret et le groupe local de Chambéry. Je me suis rendu à quelques réunions mensuelles du groupe. On s’est aperçu que l’on était 4 ou 5 à connaître le Mouvement dans un rayon de 10 kilomètres autour de chez moi, alors que Chambéry est assez éloigné. Je pensais que d’autres personnes dans les hameaux voisins pouvaient être intéressées de mieux connaître Atd Quart Monde. Nous avons organisé une première réunion, où nous étions une dizaine. Au printemps 2008, l’exposition « Belles familles » a circulé dans la région, et nous voulions l’installer au bord du lac de St-Pierre d’Albigny, un endroit très touristique. Le lac ne déborde presque jamais et il a débordé ce jour-là ! Notre tentative est un peu tombée à l’eau…
Le groupe “Atd Quart Monde – Combe de Savoie” est né officiellement en janvier 2009 et nous sommes aujourd’hui une quinzaine. Localement, c’est bien de témoigner, mais nous voulons aussi passer à une autre étape. Les gens attendent de savoir concrètement ce que l’on va faire.
Nous nous réunissons demain pour en parler ensemble. Nous avons plusieurs idées : participer à l’animation d’un accueil familial dans un gîte organisé par un membre d’un groupe Atd Quart Monde voisin; être présents à la foire aux associations en septembre ; préparer la journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre ; permettre à des personnes très pauvres de nous rejoindre et d’apporter au groupe leur vision et leur témoignage (un seul d’entre nous a connu réellement la pauvreté). Sans cela, notre groupe risque de tourner en rond et de s’arrêter.
« Je pensais que d’autres personnes pouvaient être intéressées de mieux connaître Atd Quart Monde. »
Ce qui me tient personnellement le plus à cœur est de faire connaître l’action d’Atd Quart Monde. Paradoxalement, le Mouvement porte un message très fort et est très peu connu, bien qu’il soit un des Mouvements les plus représentés dans le monde. J’ai été bénévole au Secours catholique, et ensuite trois ans aux Restos du cœur. C’est bien, car cela aide des personnes à manger. Mais lorsque d’année en année, on voit les mêmes personnes, on se sent coupable. Le projet de Coluche à l’origine ne devait durer que quelques années. Mais qu’est-ce qui empêchera qu’on fête les 80 ans des Restos du cœur dans 60 ans ?
Une autre chose me tient beaucoup à cœur : l’approche d’Atd Quart Monde par rapport à l’art et à la culture. Souvent, on se contente de remplir le ventre d’une personne et de lui mettre un blouson sur le dos. La culture, c’est à tout le monde. À long terme, c’est l’accès à la culture qui fait la différence.
On peut tous agir. On a tous une responsabilité, petite ou grande. Par exemple, si on travaille dans une entreprise, on peut donner son avis sur l’embauche de telle ou telle personne peu qualifiée. Toute une partie de la population est mise en dehors de la société. Changeons notre regard et cela changera déjà beaucoup de choses. Si des gens découvrent Atd Quart Monde, si, à chaque génération, on touche 1 % des personnes, alors ce sera gagné. »
Propos recueillis le 27 mai 2008 par Jean-Christophe Sarrot
