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Ils se croyaient citoyens comme les autres

Voici – en résumé – l’une des situations présentées par ATD Quart Monde à la HALDE le 27 septembre 2010.Danielle, 59 ans, son fils Johnny, 37 ans, le frère de Danielle, Philippe, 57 ans et sa compagne, Denise, 55 ans, vivent dans une cabane sur un terrain qui appartient à la famille depuis quatre générations. Des voisins ont constitué un comité « Solidaires pour les droits » (1) pour les soutenir dans leurs démarches de relogement.

Une promesse de vente est signée avec un promoteur. Une clause indique que la famille doit être relogée au préalable. Après plusieurs offres humiliantes et bien des péripéties, il est convenu que la famille pourra disposer d’appartements à loyers abordables dans le futur immeuble. En attendant, le promoteur lui propose d’occuper trois caravanes à trois kilomètres du centre-ville. Aucun des membres de la famille n’a de voiture et trois d’entre eux sont de santé fragile.

Aussitôt la vente signée, des ouvriers murent la cabane comme s’il s’agissait d’une expulsion. La famille n’a pas le temps de récupérer toutes ses affaires. Contrairement aux engagements du promoteur, les gazinières et deux chauffages sur trois ne fonctionnent pas dans les caravanes, et il n’y a ni eau, ni sanitaires.

Le comité « Solidaires pour les droits » découvre que les services sociaux ont laissé cette famille sans protection sociale. Des démarches sont entreprises pour que Johnny, sans ressources, bénéficie du RMI et que Philippe renouvelle sa pension d’invalidité. Denise obtient l’AAH (allocation adulte handicapé). Tous obtiennent leur droit à la CMU.

Face à ces situations insupportables et à ces discriminations – dont elle n’aurait pas été victime si elle avait été moins pauvre –, la famille a vu son état physique et moral se détériorer à vive allure. Les infirmières qui montent régulièrement faire des soins en témoignent. Natifs de la commune, les membres de la famille se croyaient citoyens comme les autres et ils ont découvert avec révolte que ce n’était pas vrai. Danielle et Philippe en sont morts, à quelques semaines d’écart. Denise, devenue dépendante, a été hospitalisée.