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Réactions sur les révolutions en Tunisie, en Égypte et en Lybie

Des pays du monde arabe vivent actuellement des évolutions déterminantes. Des personnes ont souhaité partager leurs premières réactions.

De France

« J’aimerais que nous réfléchissions à ce que nous, Français et Européens, nous pouvons et devons apprendre aujourd’hui de nos amis tunisiens et égyptiens. Pour ma part, je trouve qu’ils nous redisent que la démocratie ne peut accepter que les richesses soient accaparées par un petit nombre (dans notre pays, n’est-ce pas de plus en plus le cas ?). Ils nous redisent aussi que l’on doit faire confiance aux jeunes et nous nous souvenons qu’en 2010, les jeunes du Quart Monde se sont mobilisés avec ce slogan : « regarde moi comme une chance ». Enfin, ils nous montrent que, lorsque l’unité se met très largement en marche, elle l’emporte pour aller vers plus de démocratie. En 1997, face à la montée du Front National, Geneviève de Gaulle nous avait dit : « La seule riposte possible consiste à nous rassembler pour vouloir et mettre en œuvre plus de démocratie… » L’impossible peut céder la place au possible quand on s’unit pour le vouloir. Et l’unité à laquelle nous appellons sans cesse vise à ce que ceux dont les droits de l’homme sont violés soient respectés et à ce que tous accèdent aux droits de tous » (Pierre Saglio).

« On dit que c’est la classe moyenne qui a tiré en avant la révolution tunisienne. Mais je suis convaincu que, comme dans beaucoup d’événements semblables de l’histoire, beaucoup de personnes bien plus pauvres participent dans ces mouvements de foule : pour une fois, ils peuvent être au coude à coude avec les autres et rêver eux aussi que leur vie va pouvoir changer enfin. Mais ce n’est pas eux qu’on interviewe dans nos médias… En ces jours où la parole se libère, pourvu que ce coude-à-coude permette la rencontre, et que les liens ainsi créés permettent à ceux qui ont la vie la plus dure d’apporter leur expérience pour la reconstruction de leur pays ! » (Bruno Couder).

D’Égypte

« Ce soir du 11 février, il y avait R. qui pleurait de joie au téléphone, comme ces millions d’Égyptiens rassemblés place Tahrir et ailleurs. Cette même semaine, il y a pour beaucoup le choc et la peur du changement, jugé trop rapide et risqué, avec la tristesse qu’on ait manqué de respect au Raïs (chef d’État dans les pays arabes et en particulier en Égypte)  : « C’est pas dans notre culture. On est pour la révolution, mais on doit le respecter parce que c’est un être humain et aussi pour ce qu’il a fait de bien. » Tous célèbrent et pleurent les nombreux martyres de la révolution. Il y a tant d’attentes, de besoin de la population, la tâche est immense. Il faut commencer. Alors, pendant que certains s’occupent d’amender la constitution, les jeunes posent des gestes comme nettoyer et repeindre la place Tahrir, ou distribuent des tracts demandant de « ne pas jeter les poubelles sur la voie publique et de respecter chacun, en particulier les policiers. » En Égypte, la place Tahrir a éclipsé aux yeux du monde les pyramides. Les Égyptiens que j’ai découverts depuis plusieurs années, respectueux, ouverts, responsables, pacifiques, généreux et pleins d’humour, se révèlent à la face du monde. Chapeau. Comment cette révélation invite chacun d’entre nous, les occidentaux, à un autre regard sur le monde arabe, à la rencontre, à créer ensemble le monde de demain ? » (Hélène Rozet).