Entrez votre recherche ci-dessous :

Joël, militant d’ATD Quart Monde : de la galère au diplôme

joel militant ATDLa « galère », Joël sait ce que c’est. Plus de travail, plus de logement, le poids du regard des travailleurs sociaux, les enfants « placés », l’alcool, le manque de confiance en soi, la honte : « j’étais au fond du trou », dit-il. Et puis, après plusieurs années, avec l’aide de quelques-uns, Emmaüs, ATD Quart Monde, il remonte la pente. Jour après jour. Et il s’engage à fond pour les autres. « Ce que j’ai reçu, je me dois de le rendre », dit-il simplement. Et il devient « militant » et accompagne ceux qui sont confrontés aux plus grandes difficultés. Vivre à la rue, être renvoyé de guichet en guichet, dans la crainte d’être séparé de ses enfants, se cacher quand viennent les huissiers… Ce « vécu », c’est sa légitimité à lui. « Puisque je suis passé par là, les familles savent que je les comprends. Elles me considèrent comme un des leurs, ce que je suis. Mais je leur montre aussi qu’en se battant ensemble, on peut en sortir. »

Grâce aux Universités Populaires Quart Monde et à d’autres formations avec ATD Quart Monde, il a acquis de la confiance et de réelles connaissances en matière de droit. Il fait partie du groupe d’accès aux droits d’ATD Quart Monde Nord-Pas de Calais. Ce rappel au droit, qui est chez lui une règle, n’est pas toujours bien reçu de la part d’intervenants officiels. On l’accuse parfois de faire de l’obstruction. Sa propre recherche de travail est compromise suite à deux opérations aux hanches. Malgré cela, il veut travailler. Un jour, son conseiller de Pôle Emploi l’écoute expliquer son engagement et lui suggère une formation complémentaire. Là, on lui propose un parcours de validation de ses acquis d’expérience (VAE). Joël se retrouve sur les bancs de la fac, au milieu des jeunes. Il tient bon et obtient un diplôme d’animateur social.

Ce diplôme est à la fois une reconnaissance et une nouvelle arme dans son combat au service des autres. « Je n’ai pas changé, dit-il, mais, avec ce diplôme, c’est le regard des institutions qui a changé sur moi. Désormais, ce sont elles qui m’appellent, alors qu’avant, on me tolérait ou on me refusait. Je ne suis pas un travailleur social, j’accompagne les familles, je sers de médiateur, parfois de traducteur. Je suis un appui moral pour des familles qui ont peur. Il m’arrive aussi d’expliquer à des professionnels les droits des familles. Ce diplôme, j’en suis fier, bien sûr, mais il n’a qu’un seul intérêt : qu’il serve aux autres. Je souhaite que beaucoup d’autres défenseurs des droits fassent, comme moi, reconnaître l’expérience de leurs combats. »