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Anne Roumanoff : « On colporte des idées reçues sans réfléchir »

Anne Roumanoff exerce son talent d’humoriste sur scène, dans la presse écrite, à la radio et à la télévision. Extraits d’une interview qu’elle vient d’accorder à la Revue Quart Monde (Revue Quart Monde n°227, « Le rire »)

Le thème du chômage revient souvent dans vos textes. En quoi vous touche-t-il ?

J’ai des amis au chômage. C’est un thème incontournable dans la société de crise dans laquelle on vit.

Dans votre chronique « Chômage, un secteur en expansion » (Le 27 mars 2013 sur Europe 1), vous avez dit : « Le silence, c’est un peu ça qui tue tous les chômeurs que l’on traite comme des statistiques. » Pouvez-vous en dire plus ?

Les chômeurs sont des millions, mais comme ils ne sont pas structurés en syndicat, en lobby, ils n’ont pas de poids politique. On ne les entend pas, on ne les écoute pas.

Dans votre tribune « Salauds de pauvres », vous faites dire à Mme Michu tout un tas de stéréotypes sur les bénéficiaires du RSA, en les démontant un à un. D’où vous est venu ce désir d’aller au bout de ces questions ?

Je suis toujours un peu scandalisée des gens qui colportent des idées reçues sans réfléchir. Quand c’est une personne de leur famille qui a besoin du RSA, la donne est tout autre et le discours change ; c’est de cela dont j’ai voulu parler. D’un côté : « Les pauvres, ils exagèrent », et de l’autre : « Mon neveu, c’est pas pareil, lui il a vraiment besoin qu’on l’aide. »

En faisant cela, étiez-vous consciente que vous alliez à contre courant de l’opinion publique, dont une grande partie pense qu’il faut obliger les bénéficiaires du RSA à travailler ? (Voir par exemple le sondage réalisé par Le Journal du net)

Je ne suis pas assez spécialiste de la question pour avoir une opinion bien affirmée là-dessus. C’est le côté « travail obligatoire » qui me dérange, mais que les gens au RSA puissent avoir la possibilité de travailler, ça me semble bien.

Propos recueillis par Jean-Christophe Sarrot

« Salauds de pauvres ! » Expression tirée de la nouvelle de Marcel Aymé La Traversée de Paris .

Extrait de la chronique d’Anne Roumanoff publiée le 14 mai 2011 dans Le Journal du Dimanche

Madame Michu : vous allez pas me dire que tous ceux qui sont au RSA, ils veulent s’en sortir ! Il paraît qu’ils touchent 466 euros par mois ; 466 euros à rien faire, vous vous rendez compte ?
– Attendez madame Michu, avec 466 euros, on ne vit pas, on survit !
– Mais, parfois, ils sont deux au RSA, plus les allocations familiales, plus l’allocation logement…
– C’est plafonné à 700 euros par foyer, ils l’ont dit chez Jean-Pierre Pernaut (Présentateur de télévision français)

– N’empêche, vous m’enlèverez pas de l’idée que ces gens-là, quelque part, ils ont la belle vie… Puis s’ils en sont là, quand même, c’est qu’ils l’ont bien cherché.
– Et tous ceux qu’on voit fouiller dans les poubelles après les marchés, vous croyez qu’ils font ça pour le plaisir ? Et ceux qui habillent leurs enfants dans des vide-greniers avec des vêtements à 50 centimes d’euros…
– Oui, mais moi j’en connais qui sont au RSA et qui travaillent au noir à refaire des appartements ou à garder des gosses ! Ceux-là sont pas malheureux, croyez-moi ! Pendant ce temps, les smicards qui se lèvent tôt pour travailler, ils ont aucune aide et ils s’en sortent pas. C’est pour ça que forcer les gens au RSA à travailler cinq heures par semaine aux sorties des écoles, c’est une bonne idée.
– Réfléchissez, madame Michu, ça risque de prendre du boulot à des gens qui sont payés pour ça et qui se retrouveront au RSA.