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Les revers de l’aide d’urgence en Haïti

Haïti avait bien sûr besoin d’une aide d’urgence après le terrible séisme de janvier 2010. Mais avec le recul de plus d’un an, on doit commencer à évaluer avec rigueur l’impact de cette aide d’urgence sur le pays, et notamment ses effets pervers.Bien qu’il y ait encore peu de travaux de reconstruction, on peut se rendre compte des efforts considérables que les gens ont déployés, tant pour enterrer les morts que pour se débarrasser des décombres. Toutefois, d’autres changements sont troublants.

– L’aide humanitaire a inondé le pays de produits importés et Haïti est maintenant envahi d’emballages que le pays n’a pas les moyens de recycler ou de détruire. Après une année d’aide internationale, Haïti est maintenant plus pollué et envahi d’eaux d’égouts qu’auparavant.

– À cause du flot d’aide internationale, il est difficile pour le gouvernement haïtien d’embaucher du personnel ; en effet, les Haïtiens qui ont un bon bagage scolaire touchent de plus gros salaires s’ils travaillent pour une ONG , et il y en a de nombreuses qui ont des programmes divers et parfois conflictuels.

– De nombreux contrats de financement obligent les ONG à dépenser leurs fonds d’urgence très rapidement, ce qui ne leur laisse pas le temps nécessaire pour une consultation locale.

Depuis le début, la communauté internationale n’a pas su comprendre les effets pervers d’une planification venant du haut vers le bas. Le gouvernement haïtien pensait que l’habitat d’urgence devait permettre aux voisinages de rester groupés, ce qui aurait favorisé le soutien
mutuel. Mais il leur a été dit que les tentes seraient disposées en rangées pour remplir l’espace de la façon la plus efficace, les personnes y étant hébergées par ordre d’arrivée. En conséquence, dans ces campements, les liens communautaires ont été détruits. Cette même incompréhension apparaît dans la lutte contre le choléra. La commission nationale haïtienne pour la coordination de l’aide d’urgence a proposé une approche partant de la communauté locale, qui disséminerait les informations
d’un quartier à un autre. Malheureusement, les bailleurs de fonds ont rejeté cette approche parce qu’ils préfèrent des campagnes plus spectaculaires. Leur campagne publique va bientôt s’arrêter, car le choléra ne fait plus la une de l’actualité. Mais la maladie persiste et, pour continuer à la combattre dans la durée, il est nécessaire d’avoir un système de prévention enraciné dans les quartiers. Un troisième exemple de cette incompréhension est que des ONG utilisent des fonds versés pour l’aide
d’urgence pour embaucher une main-d’œuvre locale, la soustrayant à un travail dans la durée. Par exemple, des sages-femmes formées par la Clinique St Michel – partenaire d’ATD Quart Monde située dans un quartier à bas revenus – se sont laissées tenter par un poste d’aide d’urgence dans une ONG qui offrait des salaires plus importants. La structure de santé de cette ONG est telle
que les mamans les plus pauvres n’y vont pas, et en conséquence les soins de jour à la portée des gens ont diminué.

Extraits de la lettre de la Délégation générale du Mou-
vement international ATD Quart Monde, avril 2011.
Pour lire l’intégralité de ce texte : www.atd-quartmonde.org/Les-revers-de-l-aide-d-urgence-en.html

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