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Janvier 2011, 40 jeunes africains se forment « ensemble pour les autres »

11 mois de préparation pour sept jours ensemble. Du 3 au 9 janvier 2011, une quarantaine de jeunes et des adultes de 10 pays se sont retrouvés à Bangui, capitale du Centrafrique, pour se soutenir dans leurs engagements.

Le 17 octobre 2010, Sylvie, une jeune Burkinabé, témoignait : « Quand je pars à l’école, parfois mon père n’a rien à me donner. Les amis disent de venir chez eux manger. Mais je leur dis que j’ai déjà mangé. Même si j’ai faim, je respecte mon père. Les enfants ne veulent pas partir à l’école le ventre vide. Mais le savoir ne les attend pas. […] Aujourd’hui, c’est l’argent qui compte. Si tu n’as pas l’argent, on ne te voit même pas. Il faut considérer les pauvres comme des gens. »

Un beau défi

40 jeunes comme Sylvie, venus du Burkina Faso, du Cameroun, des Comores, de France, du Mali, de République Démocratique du Congo, du Sénégal, de Tanzanie, du Tchad et de Centrafrique, se sont rassemblés début janvier à Bangui afin de renforcer et de faire connaître leurs engagements. Ils lancent un beau défi à tous, parce qu’ils n’attendent pas d’avoir des « moyens » pour agir. Comme dans le quartier inondé de Guinaw Rail Nord, à Dakar, où 10 personnes ont évacué l’eau pendant trois mois. « On a des matériels très modestes, explique Pape Diop : des piques, des pelles, des rateaux. Et rien ne nous arrête. » Comme dans le quartier de Burhiba, à Bukavu en R. D. du Congo, où enfants, jeunes, adultes et personnes âgées ont reconstruit un pont dégradé. Comme partout où des jeunes font découvrir le livre, l’art et la culture à leurs petits frères et soeurs qui ont la vie difficile.

Cette rencontre a aussi été l’occasion de formations et d’échanges de savoir faire. Ici, un atelier de fabrication de bijoux (photo Firmin Tadjima).
Cette rencontre a aussi été l’occasion de formations et d’échanges de savoir faire. Ici, un atelier de fabrication de bijoux (photo Firmin Tadjima).

Pas facile d’être solidaire

« À travers la solidarité, tu te découvres toi-même, et tu deviens toi-même. La solidarité, c’est le fait de prendre les problèmes des autres comme les siens. Mais il faut reconnaître que ce n’est pas facile d’être solidaire. Surtout qu’il arrive que les personnes autour de nous aient un regard négatif sur ce que nous faisons. Au lieu de nous complimenter pour notre engagement, on nous critique ou on nous soupçonne » (extrait de la déclaration finale des jeunes).
« Le minimum qu’on cherche, souvent on n’arrive pas à l’atteindre. C’est à dire au moins avoir un petit boulot pour participer aux dépenses de la famille. Et ce qui fait mal dans tout ça, c’est qu’on ne nous écoute même pas. Que tu soies à l’école ou pas, il y a toujours des problèmes. Et quand on en parle, on nous dit d’arrêter de nous plaindre », dit Amadou.

Une affaire de jeunes ?

Jean Venard, Délégué d’ATD Quart Monde pour l’Afrique, estime que « ce que nous disent les jeunes n’est pas qu’une affaire de jeunes. La plupart d’entre eux vivent des situations assez précaires, et pourtant ils s’engagent, et bénévolement s’il vous plaît. Ils suscitent un espoir dans les quartiers. En prenant une part de responsabilité dans la chose publique, ils exercent la démocratie. En permettant à des quartiers de s’unir autour de la situation des plus pauvres, ils contribuent à la construction de la paix. L’espoir qu’ils portent est pour le monde. »

« C’est en groupe qu’on trouve de la force. On comprend qu’on n’est pas seul à vivre des situations difficiles. Ce sont les nouvelles choses qu’on apprend avec les autres qui nous débloquent. Si partout, la jeunesse pouvait se rencontrer, de nouveaux projets naîtraient et chacun aurait de l’espoir » (extrait de la déclaration finale des jeunes).