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Vers un monde sans discrimination

Et vous, qui voyez-vous ?… Sur l’affiche, un homme dont les traits sont marqués par une vie difficile. Un pauvre homme ? Non. Un « créateur d’entreprise » , car Jacques a participé il y a plus de dix ans à la création d’une entreprise solidaire.
Il faut s’approcher de l’affiche pour découvrir l’histoire de cet homme et, pour cela, oublier les préjugés et les peurs qui empêchent la rencontre.

Entre le préjugé et la discrimination, il n’y a parfois qu’un pas, de même qu’entre la rencontre et la reconnaissance de l’autre.

Comment prendre conscience de nos comportements dissuasifs qui écartent de notre chemin des personnes confrontées à la précarité ? Si nous cherchons un peu, peut-être verrons-nous que dans notre quartier, à l’école, sur notre lieu de travail ou d’engagement, etc., nous écartons des personnes avec qui nous pensons que la relation serait « compliquée » .

On pouvait penser a priori que créer une entreprise serait plus « simple » sans Jacques. Pourtant, grâce à lui et à d’autres, cette entreprise emploie aujourd’hui vingt personnes de tous milieux.

Écarter quelqu’un de l’accès à un droit, à un bien ou un service pour un motif prohibé par la loi, est la définition de la discrimination.

Actuellement, la loi française ne réprime pas la discrimination pour condition sociale – alors que c’est le cas dans d’autres pays comme la Belgique ou le Québec. Non reconnue et non dite, elle est d’une grande violence pour ceux qui la subissent. Les porteurs d’une carte CMU, les « ménages DALO » , les habitants de tel quartier stigmatisé perdent peu à peu la certitude qu’ils ont des droits. Les non-recours au RSA (Revenu de Solidarité Active), aux soins et aux autres droits prennent des proportions alarmantes.

La loi doit changer pour faire reconnaître et sortir du silence la discrimination pour condition sociale. Cela permettra à ceux qui la vivent de dire et résister, et aux autres d’apprendre à se défaire des stéréotypes, à tous de changer nos comportements. La loi peut aider à changer l’approche de la pauvreté en ne la réduisant pas à un unique problème économique et matériel, dans notre monde où, à force de tout définir par l’argent, nous oublions la valeur humaine. Elle peut aider à placer la participation de tous et le respect des droits humains au cœur de nos politiques.

Les Nations Unies ont choisi comme slogan de cette 27e Journée mondiale du refus de la misère : « Ensemble vers un monde sans discrimination. »
Rendez-vous le 17 octobre.

Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty France

Pierre-Yves Madignier, président d’ATD Quart Monde France

François Soulage, président du Secours Catholique