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Diffusion de Joseph l’insoumis sur France 3 le samedi 28/12/2013 à 23h

Caroline Glorion, journaliste, réalisatrice et écrivain, répond à nos questions au sujet du film qu’elle a réalisé et qui sera diffusé à 23h, le 28 décembre 2013 sur France 3.
Caroline, après avoir raconté le combat de Joseph Wresinski dans un documentaire de référence (1), pourquoi en faire aujourd’hui un personnage de fiction dans un téléfilm ?

« Joseph l’Insoumis » est une fiction inspirée d’une période de la vie du Père Joseph Wresinski. C’est un film romanesque qui n’est pas une biographie. J’ai choisi la période de sa vie qui se situe au début des années 1960 dans le bidonville de Noisy et qui rassemble de mon point de vue les éléments essentiels de sa pensée et de son action. La force de la fiction est de pouvoir mettre en scène ce qui anime les personnages, leurs contradictions, leurs sentiments, leurs espoirs, leurs souffrances… tout ce qui ne se voit pas forcément ou ne se dit pas dans des interviews disons plus officiels. C’est entrer dans l’intime du personnage, que ce soit le personnage principal, Joseph, mais les autres aussi : les familles, celle de Jacques et Alicia, celle de Suzanne la jeune volontaire… La fiction, c’est l’émotion qui traverse une histoire et qui touche le cœur des spectateurs. En tout cas, c’est l’objectif. Les convictions, l’action du Père Joseph passent ici moins par les mots, que par le tragique ou le romanesque des situations et des rencontres.

Lors du tournage du film dans le Sud Ouest, vous avez rassemblé des acteurs, des techniciens et des personnes qui vivent tous les jours le combat contre la misère. Que retenez-vous de cette aventure humaine ?

J’ai rencontré d’abord les « alliés » du Mouvement ATD Quart Monde, Laurence Goudeau, Emmanuel Delestrade et Véronique Fayet qui est par ailleurs l’adjointe d’Alain Juppé – à l’époque – à la mairie de Bordeaux, et enfin Noël Mamère et ses services sociaux à Bègles. Grâce à leur mobilisation et à leur engagement, nous avons rassemblé presque une centaine de personnes de tous âges à qui j’ai proposé de travailler pour devenir des personnages de ce film. Deux mois avant le tournage, nous avons commencé à nous retrouver pour lire le scenario et jouer des scènes. C’est à partir de ce travail que certains (une grande majorité) sont devenus des figurants ou des rôles de ce film. Ce fut un travail sérieux, un travail d’improvisation et d’échange entre nous. Lorsque les techniciens et les acteurs sont arrivés pour le tournage, ils ont rencontré une équipe de « figurants » et « d’acteurs débutants » qui avaient déjà commencé à travailler et qui étaient accompagnés quotidiennement par Julie Lecoeur, la responsable du casting, tant pour le fond que pour la forme. Julie était là pour les rassurer et les accompagner dans cette expérience professionnelle toute nouvelle, mais aussi pour toutes les questions de contrats de travail, d’essayages de costumes ou de transports. Cette étape de préparation est essentielle. C’est elle qui a permis que chacun se retrouve « à égalité » pour le travail que nous avions à faire ensemble. Ensuite, la rencontre avec les acteurs professionnels et les techniciens s’est faite comme souvent dans la vie. Des relations se sont nouées entre les uns et les autres, au gré des affinités ou des hasards du plan de travail. Des relations professionnelles, mais pas seulement. Des hommes et des femmes ont raconté l’expérience de leur vie passée ou présente dans des conditions d’exclusion ou de misère, et les acteurs ou les techniciens ont partagé leur expérience du jeu, des tournages, du trac ou de la vie. Ces rencontres se sont déroulées sur fond d’un travail intense et dans une atmosphère de confiance, de bienveillance et de respect sans se forcer, sans posture. Car nous avions tous une chose en commun : tourner un film le mieux possible, raconter l’histoire d’un sacré bonhomme, le Père Joseph, raconter son combat. Jamais on ne l’a dit dans des termes précis, mais je pense que nous sentions tous que nous avions une responsabilité. Et quand le découragement, la fatigue, les agacements des uns et des autres pouvaient faire irruption au cours d’une journée de travail, il y avait presque toujours quelqu’un pour soutenir le moral des troupes. Je dois beaucoup à une équipe technique et administrative géniale, tant professionnellement qu’humainement, qui a su rendre cela possible. Fred Larry, le directeur de production, était un peu notre chef pour tout cela. Lui et Christophe Mariller, le chef du plateau, ont su, chacun à leur manière, accompagner en coulisse ce petit monde hétéroclite. Les coulisses sont un cadre essentiel pour que chacun tienne debout.

joseph_350-4a47dLe Mouvement ATD Quart Monde a respecté votre liberté d’auteur dans cette aventure. Que dites-vous à ses membres à propos de l’avenir de ce film ?

Comme toujours, cette aventure a commencé avant tout par une rencontre d’hommes à hommes, si je puis dire – ou plutôt comme disait le Père Joseph. Rencontre avec Eugen Brand, Susie Devins et Bruno Couder à la Délégation générale, il y a huit ans maintenant, à Méry-sur-Oise dans le bureau du Père Joseph. Ils m’ont accordé leur confiance sans chichis, solidement. Puis Jean-Michel Defromont(2) m’a accompagné durant les premières années. Sa sensibilité et son exigence ont été autant de gages de confiance. Gabrielle Erpicum, qui fut la collaboratrice la plus proche du Père Joseph pendant des années, a pris le relais pour la relecture du scenario et pour des échanges de souvenirs et de détails avec une réelle intelligence du « genre » fiction. Sa vie et son engagement ont inspiré un des personnages du film. Enfin, mon amie Martine Le Corre, militante Quart Monde à Caen, n’a jamais ménagé ses critiques, ses remarques, son scepticisme et sa curiosité. Elle a été mon phare, ma balise. Et si je filais la métaphore maritime jusqu’au bout, je dirais que sur cette mer immense qu’étaient l’écriture puis la réalisation de ce film, j’ai navigué en toute liberté. C’était exaltant et ce phare et ces balises qu’ont été les regards de mes amis du Mouvement ATD Quart Monde ont été sécurisants, rassurants, indispensables.

Propos recueillis par Feuille de route.

Projections en exclusivité
(entrée gratuite) :

– 12 septembre à Angers,
– 13 septembre à Noisy-le-Grand (cinéma Le Bijou),
– 15 septembre au Mans (cinéma Le Royal),
– 20 septembre à Lyon (cinéma Gérard Philippe à Vénissieux),
– 22 septembre à Vannes (Cinéville, parc Lann),
– 8 octobre à Lille (États Généraux du Christianisme du journal
La Vie),
– 17 octobre à Madrid (cinéma Capitol),
– 21 octobre à Boussois (Nord),
– 28 octobre à Nieppe (Nord).

À voir et à lire :

Joseph l’Insoumis, l’aventure cinématographique , le making of du film, réalisé par Laurent Ganau et Delphine Duquesne.
Joseph l’Insoumis , textes d’Anouk Grinberg, Jacques Weber…, photos d’Élizabeth Roger. Ouvrage à paraître chez Elytis édition,
Refuser la misère, une pensée politique née de l’action , un ouvrage à commander sur www.editionsquartmonde.org

Commander le film ici.