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Le 26 janvier 2016 à Reims : Université Populaire Quart Monde sur la santé.

Comme promis, les membres d’ATD Quart Monde en Champagne-Ardenne se sont retrouvés une seconde fois autour de ce thème. La question était : « L’accès aux soins : un droit pour tous ? ». L’invité était Benoît Crochet, directeur de l’ARS (Agence Régionale de Santé).

Se soigner, ce n’est pas toujours simple ; les groupes avaient réfléchi à ce qui peut l’empêcher mais aussi à des propositions de solutions pour vaincre les obstacles, et ils ont présenté leurs propositions par des saynètes.

C’est vrai qu’en formant une file d’attente derrière une corde tendue, ils évoquaient autant une course d’obstacles que l’accueil dans le hall de la Sécu… le problème principal était ici l’information, quels documents faut-il fournir pour un dossier de CMU, la simplification administrative est-elle réelle, la connexion à internet est-elle indispensable…

Un autre groupe a mis en scène un agriculteur qui bien que malade, refuse de s’arrêter car il n’a pas de remplaçant pour sa ferme. Etonnement de certains : « je n’ai jamais vu ça, quelqu’un qui est malade et qui veut quand même aller travailler ? » Compréhension des autres : « Moi j’ai un salaire faible, amélioré par des primes, mais si je m’arrête je perds les primes alors même malade, je travaille, car c’est ça qui fait ma paye ». Autre témoignage : « J’ai besoin de mon salaire pour payer les soins de ma femme, car elle ne peut plus travailler ».

pancarteUne troisième saynète présente un dentiste qui fait des soins « bon marché » pour les malades qui ont la CMU ; mais les plombages ne tiennent pas toujours. « Si vous aviez une bonne mutuelle… » Les témoignages sont nombreux : quand on a peu de revenus, on finit par aller à l’école dentaire mais on ne peut pas payer les appareils provisoires. C’est le cas d’une personne à qui toutes les dents ont dû être enlevées, et qui est restée six mois sans appareil dentaire. Les participants sont tentés de conclure « médecine pour les riches, médecine pour les pauvres ? »

paroles

Les exemples vécus sont nombreux ; tous n’ont pas été mis en scène, mais parfois amenés au cours des échanges avec l’invité. Ce sont aussi les conséquences sur la santé des personnes qui sont évoquées. L’invité réagit vivement aux situations qui lui semblent injustes voire illégales. « Ma mission, c’est de faire appliquer la loi » dit-il. Il rappelle que la CMU permet aux médecins d’être payés, car tout travail mérite salaire, mais avant la CMU on pouvait bénéficier d’un « soin gratuit » ; tout médecin s’engage à soigner tout le monde, riches ou pauvres. Quant aux hôpitaux, il s’agit du service public où le refus de soins est tout aussi condamnable.

L’invité a affirmé qu’il répond à tout courrier exposant une situation où les droits ne sont pas respectés ; il a donné des exemples de ses interventions. Avec humour, il a dit s’attendre à recevoir du courrier… Il a également compris les difficultés administratives pour les dossiers de CMU et s’est engagé à transmettre ces remarques au directeur de la caisse d’assurance maladie.

invitéEn conclusion, le directeur de l’ARS a remercié ATD pour cette invitation, et s’est dit prêt à revenir. « De mon bureau, je vois que les choses ne fonctionnent pas trop mal en Champagne-Ardenne. Mais ce soir j’ai vu qu’il y avait encore des progrès à faire ! » S’il a tenu à répondre personnellement à l’invitation, c’est pour écouter, et c’est aussi pour montrer que l’administration veut garder un visage humain : « en face de vos demandes, il doit y avoir des personnes ».

Une telle réunion redonne confiance pour faire face aux difficultés et se sentir moins isolé.