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Le message posthume de Stéphane Hessel : « À nous de jouer ! »

Un hommage national a été rendu par la France le 7 mars à Stéphane Hessel, grand militant des droits de l’homme décédé le 27 février à l’âge de 95 ans. Au-delà de la cérémonie officielle, c’est par milliers que beaucoup ont été émus de la disparition de celui qui a fait de sa vie un engagement permanent contre le nazisme, pour le respect de la dignité de tous, en particulier les plus faibles, les plus humbles.

Ami de notre Mouvement ATD Quart Monde, Stéphane Hessel répondait immédiatement à nos sollicitations. Pour Eugen Brand, ancien délégué général, « la mort de Stéphane Hessel me touche ! Il a marqué notre temps parce qu’il a compris à travers sa propre histoire jusqu’où la non reconnaissance de l’autre pouvait conduire. Lors des conversations que nous avons eues, il me redisait combien notre Mouvement avait été pour lui pionnier et crédible dans cette quête de reconnaissance de tous sans exception, car profondément enraciné avec les personnes confrontées aux situations les plus extrêmes de non reconnaissance, pour relever les défis essentiels qui se posent à la famille humaine. « Pour ATD Quart Monde, disait-il, je ferai toujours tout ce que vous me demandez ! » »

Et, de fait, il ne manquait aucun « 17 octobre »(1). En 2009, sur le Parvis des droits de l’homme à Paris, il est avec les enfants des groupes Tapori (Branche enfance du Mouvement ATD Quart Monde) pour célébrer les 20 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant qu’il qualifie de « petite sœur » de la Déclaration universelle des droits de l’homme dont il avait suivi la rédaction en 1948.

Au Forum contre la misère à La Villette en 2011, il est un des « Insoumis » et interpelle : « Indignez –vous ! » oui, mais surtout « engagez vous ! Ne laissez aucune place à la résignation ! »

Dans un livre posthume, intitulé À nous de jouer ! coécrit avec Roland Merk (Ed. Autrement), il déclare avec un accent prophétique : « En ce début de XXIe siècle, on a de nouveau l’impression que toutes les espérances de l’humanité au nom desquelles des générations entières se sont insurgées sont désavouées ! La vérité est que si cela continue ainsi, ce sont nos démocraties qui seront remises en cause. Si la jeunesse européenne n’a pas d’avenir, l’Europe n’en aura pas non plus ! Les hommes construisent des murs, que ce soit au nom d’une politique inhumaine ou au nom de l’argent, mais ceux-ci finiront par tomber. Démocratie et participation, droits de l’homme et bien-être social sont des besoins de tous les peuples. Qui ne les respecte pas doit compter avec l’indignation. Allons plus loin, plus vite ! »

Pascal Percq