Entrez votre recherche ci-dessous :

Haïti, cinq mois après le séisme

Simon Tiendrebeogo, burkinabé, est volontaire permanent d’ATD Quart Monde depuis plus de 15 ans. Avec d’autres, il est parti en février 2010 soutenir l’équipe de Port-au-Prince, où il est resté jusqu’au 10 juin.

Avec quelles images êtes-vous revenu d’Haïti ?

(Photo : F. Phliponeau)
(Photo : F. Phliponeau)

J’ai été profondément impressionné par la détermination et le courage des Haïtiens. Chaque jour, ils surpassent la douleur et le vide pour faire un nouveau pas en avant. On peut montrer ce qu’on veut sur les Haïtiens, tout dépend comment l’on vient vers eux. Si l’on arrive en bienfaiteurs, on suscite des réactions de violence. Si l’on vit à leurs côtés, on voit comment, depuis le séisme, ils « prennent le taureau par les cornes. »

D’où vient cette énergie ?

Il est peut-être trop tôt pour comprendre… Il y a certainement la force de leur coeur et de leur foi, une grande force intérieure qui fait qu’on ne laisse pas l’autre par terre. Les messages que les Haïtiens ont reçu du monde entier ont aussi été le premier soutien qui a relevé leur moral au lendemain du séisme. Des messages continuent d’arriver. Ils sont lus dans les bibliothèques de rue et aux familles. Les gens ont aussi été extrêmement touchés par la venue de la chanteuse Jane Birkin et par la conférence du 9 avril entre Port-au-Prince, La Nouvelle-Orléans et Paris. Ils se sont dits : « On n’est pas seuls. »

Les gens parlent-ils du séisme du 12 janvier ?

Peu. Peut-être parce que ses conséquences sont encore tellement visibles partout, et parce que chacun est encore tellement dépassé… Lorsqu’ils en parlent, ce n’est pas pour se lamenter, mais pour dire qu’on doit continuer de vivre.

Les actions d’ATD Quart Monde ont repris ?

À la demande des parents et grâce à l’engagement sans relâche des volontaires permanents, l’activité « Bébé bienvenus », la pré-école et les bibliothèques de rue ont redémarré. « Bébé bienvenus », c’est des activités de jeu et d’éveil, deux matinées par semaine, pour les enfants de 0 à 3 ans. La pré-école concerne les enfants de 3 à 6 ans. Certaines mamans viennent de très loin pour cela. C’est une manière de se retrouver ensemble, de soutenir les autres et de se soutenir soi-même.

Propos recueillis par Jean-Christophe Sarrot

À la demande des mamans, l’activité « Bébé bienvenue » a repris mi-avril, au rythme de deux matins par semaine (photo Vladi Pino Amachi).
À la demande des mamans, l’activité « Bébé bienvenue » a repris mi-avril, au rythme de deux matins par semaine (photo Vladi Pino Amachi).