
Avec Silvia Velasco, la démocratie participative à l’ONU
Silvia Velasco Quispe est péruvienne et mère de 6 enfants. Nous l’avons rencontrée au centre international d’Atd Quart Monde (Val d’Oise) à son retour de Genève où, les 27 et 28 janvier 2009, elle participait à un séminaire organisé par le Haut Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) des Nations unies(1).
De façon inhabituelle pour cette institution, plusieurs personnes connaissant une vie difficile ont pu prendre la parole au début du séminaire. Parmi elles, Silvia Velasco a témoigné des conditions d’existence très dures que connaissent des familles de son pays.
Les experts vous ont-ils entendue ?
Oui, et on leur a donné les moyens pour qu’ils continuent de travailler avec nous. Ils ont été surpris par notre présence et par ce que l’on a dit. Ils ont pu voir que c’était la vérité. Nous sommes en dehors de l’éducation, nous sommes en dehors de la santé. Nous voulons travailler. Nos maris doivent aller loin pour pouvoir travailler. Quand ils reviennent, ils n’ont plus rien. Tout est parti dans les frais de transport. Quand nous allons vendre au marché, nous gagnons très peu. Les riches doivent comprendre que nous voulons travailler.

Ph. Thierry Viard, Atd Quart Monde.
Que doivent-ils comprendre précisément ?
Que nos enfants doivent pouvoir travailler. Que, même s’ils ont fait des études secondaires, même si on s’est beaucoup cotisés pour eux, ils sortent des études et ne trouvent pas de travail. Les employeurs leur demandent des diplômes, des certificats, etc. Nos enfants deviennent domestiques ou font des petits travaux qui ne leur permettent pas d’être quelqu’un dans la vie. On n’en peut plus de les voir qui ne peuvent pas travailler.
Qu’avez-vous découvert en venant en Europe ?
Je pensais que c’est seulement au Pérou que nous luttions pour travailler et pour nos enfants. En participant à l’écriture du livre Éradiquer la misère(2) et en venant pour ce séminaire à Genève, j’ai pu comprendre que la lutte est la même pour les familles d’autres pays. J’ai découvert en France une chose qui me rend triste : comment on en arrive parfois à séparer des enfants de leurs parents quand il n’y a plus de travail et plus de logement.
Propos recueillis par Anne-Claire Brand, Pascal Percq et Thierry Viard