
La pauvreté : un enjeu civique et politique.
Le 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère, 100 000 personnes se sont rassemblées à travers la France, dont 20 000 à Paris au Trocadéro. Y ont eu lieu notamment des rencontres et des débats avec le Médiateur de la République, la Défenseure des enfants, des partenaires sociaux – CFDT, CGT, UNSA et Medef – des maires, des citoyens vivant la pauvreté en France et dans 25 autres pays, et d’autres personnes qui veulent s’allier avec eux pour enrayer les logiques d’exclusion. Des dizaines d’exemples d’actions, des expressions artistiques, des milliers d’enfants et de jeunes présents ont aussi montré que ce mouvement civique a de l’avenir.
Ce jour-là, Monsieur Ban Ki Moon, secrétaire général de l’ONU, à New York, et Monsieur Sarkozy, Président de la République, à Paris, ont reçu chacun une délégation de signataires de la « déclaration de solidarité », engagement signé par plus de 150 000 personnes pour considérer les plus pauvres comme les premiers acteurs de la lutte contre la pauvreté. La campagne de signatures d’engagements pour nourrir ce courant civique continue.
Cette journée est devenue le rendez-vous avec ceux et celles qui vivent la misère, les responsables politiques et la société civile. Cette mobilisation civique progresse, c’est un espoir.
Le Président de la République Française a aussi choisi de se joindre à cette journée en prononçant un discours pour engager l’Etat dans la lutte contre la pauvreté devant le Conseil Economique et Social. C’est le rapport du CES « Grande pauvreté et précarité économique et sociale » qui, 20 ans plus tôt, a décrit le premier la misère comme atteinte aux Droits de l’Homme et entamé un travail de fond avec tous les partenaires sociaux avec la contribution des populations démunies pour transformer cette prise de conscience en programme politique. Dans son allocution, le Président de la République a affirmé que la pauvreté n’est pas fatale, qu’elle est le résultat d’un cumul des précarités qui nécessite, pour être vaincue, une politique globale mobilisant tous les ministères.
Le Mouvement ATD Quart Monde prend acte des engagements de résultat annoncés. Il rappelle sa demande que des objectifs chiffrés soient fixés, non seulement en matière de pauvreté monétaire, mais également en matière de recul du mal logement (3 millions de personnes) et du gâchis de l’éducation et de la formation (3 millions d’illettrés). Ce triple objectif à définir permettrait de forcer l’action publique à atteindre la partie de la population pauvre qui cumule plusieurs précarités.
Le Mouvement ATD Quart Monde demande également, que, lors du bilan annuel, soit étudié scientifiquement quelles personnes sont atteintes par les politiques mises en oeuvre (comme l’avait fait le rapport de Geneviève de Gaulle-Anthonioz au Conseil Economique et Social sur l’évaluation des politiques publiques, avec la collaboration du Credoc) afin de vérifier ensemble l’affirmation du Chef de l’Etat : ne laisser personne en chemin.
Cette ambition ne pourra se réaliser pleinement que si elle est élaborée, mise en œuvre et évaluée avec la contribution, non seulement des associations d’aide aux démunis, des partenaires sociaux et des collectivités locales, mais aussi des personnes en situation de pauvreté elles-mêmes, avec les associations dont elles sont membres. Le plus souvent oubliées au temps de bâtir les projets, les personnes très pauvres sont pourtant un partenaire indispensable. Un tel partenariat est exigeant. Il requiert des espaces civiques et politiques où les pauvres puissent construire avec d’autres une parole libre afin que le dialogue et la compréhension réciproques s’établissent.
Les rassemblements du 17 octobre au Trocadéro et à travers le monde l’ont montré : le dialogue durable entre personnes qui vivent la pauvreté et personnes d’autres milieux est une clé pour venir à bout de l’exclusion. Il représente une voie d’avenir pour une démocratie plus sereine et plus achevée.
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