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« L’homme est devenu un moyen pour le profit »

Le psychanalyste et philosophe Miguel Benasayag joint sa voix à l’Appel des jeunes Européens.

Capture_300-3d296« Quand les jeunes disent qu’on ne leur reconnaît pas de place, qu’ils sont exclus, c’est en réalité l’ordre économique mondial qui fait que l’homme n’a pas de place dans notre monde. L’homme n’est plus une fin en soi : il est devenu un moyen pour le profit. Je peux être triste parce que je vois que je n’ai pas de place.
Mais tant que je pense que c’est un problème personnel, je reste un esclave de l’ignorance et de l’oppression. Ce que je ressens est en réalité une vérité qui touche toute notre société.

Expliquer l’inexplicable ?

Dans leur Appel, les jeunes déclarent aussi qu’ils ne comprennent pas ce monde. Les adultes disent souvent : “Tu ne comprends pas parce que tu es jeune”, ou bien ils essaient d’expliquer. Je pense qu’il ne faut jamais tenter d’expliquer l’inexplicable, car on devient alors complice. Dans notre monde, il y a des choses qui sont d’une brutalité et d’une barbarie non explicables. Il faut dire aux jeunes : “Oui, vous avez raison. Si vous ne comprenez pas pourquoi vous êtes dans la rue, pourquoi votre vie ne vaut plus rien, vous avez  raison car ce n’est pas compréhensible.”

Étiquetage : personne n’est à l’abri

La société étiquette. Certains sont des surplus : les étrangers, les jeunes des cités, etc. Mais l’étiquetage va dans tous les sens. L’ingénieur qui prend de l’âge, qui est concurrencé par les jeunes, sera lui aussi étiqueté, se retrouvera sans place. Un monde qui étiquette est un monde très dangereux.

Se prendre en main sans attendre

Aujourd’hui, être un citoyen responsable ne signifie pas attendre le bon programme politique. Résister, c’est créer des liens de solidarité et se prendre en main. Quand mes amis d’ATD Quart Monde appellent à un “sursaut civique”, j’invite tout le monde à participer. Car ATD Quart Monde n’est pas une aide philanthropique. Ce sont les liens sociaux comme base du développement et de l’autonomie de chacun. Les pauvres ne sont pas les messies d’un monde à venir. Ils sont le thermomètre qui montre si le monde considère que l’homme a sa place. »