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17 octobre 2015 à Reims : paroles de militants

A Reims lors du rassemblement public du 17 octobre 2015, des militants d’ATD Quart Monde ont pris la parole pour dénoncer des situations dont ils sont victimes et témoigner de leur action pour changer les choses. Leurs témoignages encouragent de nouvelles personnes à ne plus rester isolées, s’engager avec les associations qui combattent la misère.

Voici les textes écrits et lus par des femmes et des hommes qui agissent pour vivre dignement, pour que leur combat change leur vie, celle de leurs familles, celle de toutes les personnes victimes de la misère.

– Ce que nous attendons d’une association, c’est du soutien : qu’on nous fasse confiance, mais qu’on ne fasse pas à notre place. Nous ne voulons pas être assistés. C’est ce qui m’aide à rester debout. Je trouve encore la force de me battre. Agir ensemble, ça veut dire avoir chacun une place. Quand on est militant, on est soutenu par la confiance que les autres nous portent. S’ils n’étaient pas là, on ne pourrait pas se rendre compte de nos propres capacités.

– Suite à des prélèvements qu’un organisme n’a pas fait régulièrement, je me retrouve en difficulté avec une grosse somme à verser d’un coup. Ils me harcèlent de courriers et d’appels téléphoniques : vous devez payer. Ils ne veulent pas reconnaître leur responsabilité. Ils savent que je suis faible… Ma fille est allée voir sur internet : elle a trouvé des témoignages de gens qui ont les mêmes difficultés que moi. Je me sens moins seule, d’autres subissent la même situation. Je me bats pour en sortir. On sait qu’on a des droits, mais parfois on se sent bien seul et on n’ose plus réagir. Si j’en parle aujourd’hui, c’est pour éviter que d’autres subissent la même chose en restant seuls.

– Pour entrer dans mon logement, j’ai demandé une aide au FSL pour ma caution. On m’a demandé si je voulais un accompagnement social, en disant que ce n’était pas obligatoire. J’ai refusé car je peux me débrouiller seule. Suite à cela, la commission a rejeté ma demande sous prétexte que je n’ai pas accepté l’accompagnement. Finalement aujourd’hui je me pose encore la question, est-ce que c’est obligatoire ou pas ? Ça me fait peur. Je suis prête à tout accepter pour ne pas avoir de refus, mais c’est peut-être de l’abus.

– Depuis que j’ai quitté mon logement, EDF me réclame de l’argent car on n’est pas d’accord sur le relevé du compteur. Le bailleur m’a soutenue, car ils ont les mêmes chiffres que moi ; ils reconnaissent que je dis la vérité. Ils sont décidés à se battre avec moi. Si je n’avais pas eu ce soutien, je me serais écrasée et j’aurais payé. Je n’aurais jamais pu récupérer mon argent pourtant je suis dans mon droit.

– Les personnes qui vivent la précarité et l’exclusion sont de plus en plus sollicitées pour apporter leur expérience dans différentes instances : des comités d’usagers, des formations de professionnels, des groupes de parlementaires. Il y a souvent des réactions fortes. Il y a des gens qui pensaient ne pas avoir besoin de nous entendre, et qui disent : « j’ai appris quelque chose grâce à vous. J’ai découvert des problèmes que je ne pouvais pas appréhender, car je n’y suis pas confronté ». C’est vrai que personne ne peut dire à notre place. Et quand on l’entend dire, ça donne confiance, ça montre qu’on a bien travaillé. Parce qu’on travaille vraiment sérieusement, ensemble, pour préparer nos interventions. On sait qu’on peut apporter notre savoir, et apprendre de celui des autres.

– Notre participation fait qu’on s’implique mieux dans la société : maintenant j’écoute les infos quand ça parle politique, je me suis inscrite sur les listes électorales. Je crois que des choses peuvent changer. Je prends des responsabilités : dans des groupes de citoyens, dans des délégations devant des élus.

Il faut du temps pour que les choses se mettent en place. Je me bats à long terme pour que la société évolue et rejoigne notre combat. Aujourd’hui j’ai la parole et je lance un appel : venez combattre avec nous. C’est avec toutes nos idées, ensemble, que nous serons plus forts pour casser la misère.