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16 février 2015 à l’Élysée : bannir la discrimination pour cause de précarité sociale

Le 16 février, le chef de l’État a reçu pendant une heure une délégation ATD Quart Monde composée de cinq militants ayant l’expérience de la grande précarité, trois alliés(1) dont le président, Pierre-Yves Madignier, et trois volontaires permanents. Le précédent accueil d’une telle délégation à l’Élysée remonte à 2003, avec Jacques Chirac.

Au centre des échanges : l’introduction dans la loi française d’un critère de discrimination pour cause de précarité sociale.
Parmi les onze membres d’ATD Quart Monde venus de Reims, de Lyon et de région parisienne, figurait Jacqueline Steg, dont le mari, gravement malade, a été le premier à la soutenir pour qu’elle puisse préparer cette rencontre et y participer. Car c’était pour elle une chance extraordinaire de représenter son milieu des gens du voyage et, plus largement, les familles qui subissent la discrimination et l’humiliation à cause de la précarité sociale. « Nos enfants ont été traités de voleurs de poules, explique-t-elle. À chaque fois que les gendarmes nous arrêtent pour un contrôle sur la route et qu’ils voient notre nom de famille, ils fouillent entièrement la voiture ! On nous prend pour des bons à rien, on nous dit qu’on ne sait pas s’occuper de nos enfants… »
Les délégués ont présenté à François Hollande ce que les familles en grande précarité endurent dans le domaine de l’emploi, de la santé, du logement, de l’école, etc., mais aussi comment elles font face au quotidien. Jacqueline est engagée à ATD Quart Monde depuis sa jeunesse. « C’est le combat de nos parents et on continue avec nos enfants, explique-t-elle. Je me bats beaucoup pour qu’on arrête de nous juger et contre tous les préjugés que l’on subit. C’est cette discrimination que l’on veut voir disparaître. Ce combat est interminable et se poursuit encore aujourd’hui. »
François Hollande a accueilli la délégation autour de la table du conseil des Ministres car, a-t-il dit : « Vous êtes des citoyens membres de la République et vous avez votre place à mes côtés. » Il a pris des notes durant les témoignages et a déclaré : « Vous m’avez appris, vous m’avez élevé. » Il souhaite « en finir avec les préjugés qui disent que les pauvres utilisent l’argent public pour rester pauvres » et a dit que la loi permettrait de prévenir tout comportement qui attenterait à la dignité.
Le Président a paru impressionné par la résistance et l’énergie de ceux qui sont confrontés à la pauvreté. « Il a semblé comprendre qu’on n’était pas là seulement pour nous, mais aussi pour tous ceux qui sont traités différemment à cause de la misère. Il nous a dit de continuer, de ne pas baisser les bras », commentent les délégués.
Une proposition de loi va être déposée prochainement au Sénat afin que la discrimination pour cause de précarité sociale soit reconnue dans la loi, pour être mieux combattue. Notre mobilisation à tous doit se poursuivre pour que cette proposition de loi soit soutenue par un large éventail de parlementaires.

Un peu de détente a conclu cette heure de travail à l'Élysée (photo FP).
Un peu de détente a conclu cette heure de travail à l’Élysée (photo FP).
De retour à Reims après la rencontre, les trois déléguées reimoises ont été accueillies par la presse et d'autres membres d'ATD Quart Monde (photo Pascale Laurent).
De retour à Reims après la rencontre, les trois déléguées reimoises ont été accueillies par la presse et d’autres membres d’ATD Quart Monde (photo Pascale Laurent).

Photo du haut : La délégation entoure François Hollande. De gauche à droite : Chantal Consolini, Doris Mary, Véronique Painset, Colette Theron, Jacqueline Steg, Pascal Moullec, Vincent Espejo-Lucas, Pascal Lallement, Guillaume Chesnot, Pierre-Yves Madignier et Isabelle Bouyer (ph. F. Phliponeau).

Téléchargez les interventions des membres de cette délégation devant le Président de la République